"Je vais vraiment m'installer là-bas" : Thomas Dutronc prêt à quitter Paris, il dévoile cet endroit où il se voit continuer sa vie
- Auriane Laurent
- il y a 3 jours
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Thomas Dutronc : la maison corse où il rêve d’écrire un nouveau chapitre de sa vie

À 52 ans, Thomas Dutronc n’a plus vraiment le même regard sur Paris. La capitale l’a vu grandir, l’a vu percer, l’a accompagné dans toutes ses tournées, ses collaborations et ses nuits d’inspiration. Mais à mesure que les années passent, le musicien sent grandir en lui un désir d’ailleurs, un appel à ralentir, à retrouver un équilibre loin du tumulte permanent. Cet ailleurs, il ne l’a pas cherché longtemps : il se trouve en Corse, sur les hauteurs de la Balagne, dans une maison héritée de sa mère, Françoise Hardy.
C’est une demeure discrète, sans faste ostentatoire, mais avec cette authenticité qui en dit long sur l’attachement familial. Bâtie dans les années 60, à Monticello, le petit village de pierres claires perché sur les collines au-dessus de l’Île-Rousse, la maison s’ouvre sur un horizon où se confondent la mer et la montagne. Là-bas, le temps semble suspendu. « J’y ai passé un mois récemment et j’étais tellement bien dans ma peau », confiait Thomas Dutronc.
Une maison de mémoire

La bâtisse a été achetée par Françoise Hardy en 1967. Pour l’icône des années yéyé, la Corse représentait déjà un refuge, une échappatoire à la vie mondaine parisienne. Elle y emmenait son fils dès ses premières années, imprégnant en lui le goût des étés corses, des petits matins où l’air sent le maquis et des soirées où l’on se couche tôt, repus d’une cuisine simple et généreuse.
Aujourd’hui encore, chaque recoin de la maison garde la trace de ces moments d’enfance : les volets aux tons délavés par le soleil, la terrasse dallée où se posent les chaises longues, le vieux figuier qui offre son ombre généreuse, et cette vue imprenable sur la Méditerranée qui semble ne jamais finir.
Ironie du destin, c’est aussi là que vit désormais Jacques Dutronc. Le père s’est installé durablement dans la maison de Monticello après la séparation avec Françoise Hardy, trouvant dans l’île un terrain de jeu idéal pour sa retraite. Entre les deux hommes, la relation reste faite de pudeur et de respect. Thomas a d’ailleurs expliqué plus d’une fois qu’il ne pouvait pas habiter avec son père : « C’est lui, le chef ! », disait-il en souriant. Mais habiter à quelques pas, dans ce même village où tout le monde se connaît, lui paraît aujourd’hui naturel.
Il ne s’agit pas de cohabiter, mais de partager une terre commune. La maison de Thomas est ainsi à la fois un héritage et une promesse : celle de continuer une histoire familiale enracinée dans la roche corse.
Une atmosphère à part

Ce qui frappe, lorsqu’on entre dans la maison, ce n’est pas tant l’architecture – simple, méditerranéenne, sans artifices – mais la sensation immédiate d’apaisement. Les murs épais protègent de la chaleur, les pièces s’ouvrent largement sur l’extérieur, et chaque fenêtre cadre un morceau de paysage.
Le salon, baigné de lumière, conserve quelques meubles anciens mêlés à des touches plus contemporaines : un fauteuil en rotin, une guitare posée dans un coin, des photos de famille. La cuisine, grande et conviviale, respire la vie : ici on cuisine des pâtes fraîches, des légumes du marché, du poisson grillé. Le soir, la terrasse devient le cœur de la maison. On y dîne en écoutant les grillons, on y boit un verre de vin local, on y refait le monde.
Pour Thomas, chaque détail compte. « Là-bas, il y a encore la parole donnée, le respect, une forme de sincérité qu’on a un peu perdue ailleurs », confiait-il. Ces valeurs, il les retrouve dans le rythme même de la maison : une simplicité qui réapprend à savourer.
Le contraste avec Paris

À Paris, tout va vite : les studios, les interviews, les concerts, les embouteillages, les nuits sans fin. Dans sa maison corse, Thomas retrouve une autre temporalité. Il marche dans la montagne, respire les odeurs du maquis, se lève tôt, se couche tôt. Il reprend contact avec son corps, avec la nature, avec une forme de joie élémentaire.
Il l’avoue lui-même : à Monticello, il est « heureux ». Heureux d’entendre le silence, de sentir les embruns marins, de n’avoir pour horizon que les collines dorées par le soleil. Heureux aussi de pouvoir travailler différemment : la maison lui offre un espace d’inspiration où les chansons naissent sans contrainte, au rythme des saisons.
La décision de s’installer durablement en Corse n’est pas un simple caprice de vacances. Elle s’inscrit dans une réflexion plus large sur la suite de sa carrière et de sa vie. « Après cette tournée, je pense que je vais vraiment m’installer là-bas et prendre le temps de vivre », expliquait-il.
Ce choix, loin d’être une rupture, ressemble à une continuité : Paris restera le lieu des rendez-vous professionnels, mais Monticello deviendra le centre de gravité. Là, Thomas envisage d’écrire, de composer, peut-être d’accueillir ses amis musiciens pour des sessions improvisées sur la terrasse. Il rêve aussi de transmettre, de recevoir ses proches, de partager le goût simple des choses.
Une maison qui raconte une histoire

Ce qui rend la demeure de Thomas unique, c’est qu’elle ne se réduit pas à quatre murs. Elle incarne une mémoire familiale : celle d’une mère disparue, celle d’un père toujours présent, celle d’un fils qui cherche sa place entre deux héritages. Chaque pierre raconte un fragment de cette histoire.
Pour le public, Thomas Dutronc est l’artiste aux multiples visages : guitariste virtuose, chanteur tendre, amoureux du jazz manouche autant que de la chanson française. Mais derrière cette image publique, il y a un homme en quête de stabilité. Sa maison corse, discrète et lumineuse, devient alors le reflet le plus fidèle de ce qu’il est : à la fois héritier et bâtisseur, à la fois parisien de naissance et insulaire de cœur.
Dans un monde où tout s’accélère, où les artistes courent de scène en scène, choisir de s’installer dans un village corse peut sembler décalé. Mais pour Thomas, ce n’est pas une fuite : c’est une manière d’affirmer ce qui compte vraiment. Le temps, la nature, la vérité des relations humaines.
« J’étais heureux, j’ai marché dans ma montagne, il y avait des odeurs, on mangeait bien, on était à la cool », racontait-il. Ces mots simples résument mieux que tout ce que représente la maison de Monticello : un havre, une respiration, une promesse d’équilibre.
Rien n’est encore totalement figé. Les tournées continuent, les albums aussi. Mais il est clair que Thomas Dutronc ne se projette plus dans une vie exclusivement parisienne. Sa maison corse l’attend, prête à l’accueillir, prête à devenir le théâtre d’une nouvelle étape.
Peut-être y écrira-t-il ses plus belles chansons, bercé par le chant du vent dans les oliviers. Peut-être y passera-t-il simplement des journées à regarder la mer, à partager un repas avec ses voisins, à redevenir ce gamin émerveillé par la lumière de l’île.
Ce qui est sûr, c’est que cette maison n’est plus seulement un lieu de passage. Elle est devenue, dans l’esprit de Thomas Dutronc, le centre de sa vie future. Et dans ses mots comme dans son regard, on comprend que le choix est déjà fait : il s’installera là-bas, sur cette terre qui lui ressemble, entre mer et montagne, entre mémoire et renouveau.
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