L’humour élégant d’Isabelle Ithurburu est si percutant qu’il pourrait bien placer Marie-Sophie Lacarrau face au risque de perdre le « poste en or » du 13 Heures sur TF1.
- Pierre Howard
- 13 août
- 5 min de lecture
Depuis le 14 juillet dernier, un nouveau visage s’est imposé à l’heure du déjeuner sur TF1, et ce visage respire autant l’assurance que la fraîcheur. Isabelle Ithurburu, longtemps identifiée comme l’une des figures emblématiques du journalisme sportif, a troqué les pelouses et les interviews d’après-match pour le plateau du Journal de 13 Heures.

Officiellement, elle n’est là que pour remplacer Marie-Sophie Lacarrau durant l’été. Officieusement, les chiffres et l’accueil du public laissent déjà entrevoir une histoire qui pourrait dépasser le cadre d’une simple mission saisonnière. Et il faut dire que l’ancienne présentatrice de 50’ Inside ne s’est pas contentée de prendre place dans le fauteuil : elle l’occupe, elle l’incarne, et elle semble y être comme chez elle.
Ce qui frappe, c’est la fluidité avec laquelle cette reconversion s’est opérée. Beaucoup, dans sa position, auraient pu se sentir désarçonnés par le passage d’un domaine spécialisé comme le sport à la présentation d’un JT généraliste, avec ses codes, ses contraintes, et surtout son public exigeant, attaché à une tradition bien établie. Elle, au contraire, en parle comme d’un terrain de jeu. « Je m’éclate à la présentation du 13H.
C’est très stimulant, je suis très heureuse. Tous les jours, on part d’une page blanche », confie-t-elle avec cette spontanéité qui fait partie de sa marque de fabrique. Pas de discours figé, pas de faux-semblant : Isabelle donne l’impression d’avancer dans ce nouveau décor avec une assurance instinctive, presque joyeuse, comme si elle savait déjà qu’elle était à sa place.
Ce naturel, on le retrouve jusque dans ses apartés sur la météo. Là où d’autres se plaindraient de l’été grisâtre, elle y voit un atout. « Il ne fait pas beau donc je suis assez contente de la météo », lâche-t-elle en riant, avant d’ajouter que cela lui permet de ne pas se sentir frustrée d’être au travail. Un humour léger, mais révélateur : même dans un rôle à forte exposition, elle ne cherche pas à se surjouer ou à se construire un personnage lisse. Ce qu’on voit à l’écran semble être exactement ce qu’elle est en coulisses.

Cette authenticité s’ancre aussi dans une histoire familiale presque touchante. Isabelle n’est pas arrivée au 13 Heures par hasard : elle a grandi avec ce journal en fond sonore, regardé religieusement par ses parents. Aujourd’hui encore, son père ne manque aucune édition, et sa mère, qui s’était un peu éloignée du rituel, y est revenue avec un enthousiasme évident depuis que sa fille en tient les rênes. « Elle m’a dit : “Je suis très heureuse. Je reprends plaisir à regarder le 13H.”
C’est ma meilleure fan », raconte Isabelle, visiblement émue. Le soutien est réciproque : quand elle parle de ses parents, c’est avec une affection désarmante, consciente de ce que cette étape représente pour eux autant que pour elle. Elle raconte que sa mère lui envoie parfois un message après le JT, avec un mot simple mais révélateur : « Je me suis encore régalée. » Et elle rit en soulignant que « se régaler » devant un journal télévisé, où l’actualité n’est pas toujours glamour, relève presque de l’exploit.
Les téléspectateurs, eux aussi, se sont rapidement laissés séduire. En à peine quelques jours, Isabelle Ithurburu a réussi à conquérir un public réputé fidèle mais pas toujours facile à convaincre lorsqu’un nouveau visage apparaît. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une part d’audience record de 49,5 %, du jamais vu depuis Jean-Pierre Pernaut en décembre 2020, et une moyenne de 4,67 millions de téléspectateurs chaque midi. C’est 20 000 de plus qu’avant son arrivée, et ce, en plein mois d’août, une période généralement moins favorable aux records. Dans le monde très concurrentiel de l’info, ce genre de progression ne passe pas inaperçu.

Pourquoi un tel succès ? Les dirigeants de TF1 avancent une explication simple : elle ressemble au public qu’elle s’adresse. Éric Monnier, directeur de la rédaction, ne cache pas son enthousiasme : « Isabelle a de grandes qualités. Elle vient de province, garde son accent, est proche de nos téléspectateurs… Elle ressemble sur certains aspects à Marie-Sophie Lacarrau tout en gardant sa différence. » Cette différence, c’est cette manière de conjuguer professionnalisme et chaleur humaine, rigueur et accessibilité. Elle n’essaie pas de gommer ses origines ou ses particularités pour entrer dans un moule. Elle reste elle-même, et c’est précisément ce qui la rend crédible.
Même du côté de la concurrence, on reconnaît qu’elle a frappé fort. Une source anonyme, citée par Le Parisien, le dit sans détour : « Elle a immédiatement su trouver sa place et le bon ton. Si cela continue ainsi, je m’inquiéterai pour la titulaire car ils ont clairement trouvé la relève. » Le genre de commentaire qui, sous couvert de compliment, en dit long sur l’impact qu’elle est en train de produire. Car dans l’univers du JT de 13 Heures, où la fidélité des téléspectateurs est considérée comme un trésor, voir un visage intérimaire séduire aussi vite peut bousculer des équilibres que l’on croyait intouchables.
En dehors du plateau, Isabelle Ithurburu mène une vie que beaucoup qualifieraient d’épanouie, entre sa relation avec le chanteur et compositeur Maxim Nucci, alias Yodelice, et leur fille Mia. Peu encline à exposer sa vie privée dans les médias, elle n’en renie pas l’importance dans son équilibre personnel. Cette discrétion maîtrisée contribue à la rendre encore plus sympathique aux yeux d’un public qui, bien souvent, préfère deviner plutôt que tout savoir.
Ce qui rend la situation particulièrement intéressante, c’est qu’Isabelle n’est pas une novice parachutée dans un rôle prestigieux par hasard. Son parcours, jalonné de défis relevés avec succès, montre une professionnelle capable d’évoluer sans perdre son identité. Elle a connu l’adrénaline des directs sportifs, la diversité des sujets people dans 50’ Inside, et désormais la gravité comme la proximité d’un grand JT. À chaque fois, elle s’adapte, mais toujours sans trahir ce ton naturel qui la distingue.
Officiellement, elle reste le “joker” de Marie-Sophie Lacarrau. Officieusement, la possibilité qu’elle devienne plus qu’une simple remplaçante n’est plus à écarter. Les très bons scores enregistrés cet été donnent forcément des idées à TF1, surtout dans un contexte où les audiences se fragmentent et où fidéliser une tranche horaire est un enjeu stratégique majeur. Si l’histoire devait se prolonger, cela ne surprendrait plus grand monde.

En attendant, Isabelle Ithurburu savoure cet été pas comme les autres. Elle ne cache pas que l’expérience est stimulante, ni que la responsabilité est grande. Mais elle donne surtout l’impression d’une femme qui avance sans calculs excessifs, consciente que ce genre d’opportunité se vit pleinement, jour après jour. Et peut-être est-ce là, au fond, la clé de son succès : cette capacité à embrasser le moment présent, sans se laisser écraser par l’ombre des figures qui l’ont précédée.
L’avenir dira si le 13 Heures d’Isabelle Ithurburu restera une parenthèse estivale ou s’il marquera le début d’une nouvelle ère pour le JT de TF1. Mais déjà, on peut affirmer que la relève, si elle devait s’imposer, serait entre de bonnes mains. Une chose est sûre : cet été, elle n’a pas seulement remplacé une présentatrice. Elle a inscrit son nom dans la mémoire des téléspectateurs, avec cette combinaison rare d’aisance, de sincérité et de talent qui, parfois, suffit à bouleverser la donne.
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