Stéphane Bern : "Je suis tombé amoureux de ces vieilles pierres qui réclamaient qu’on les sauve de l’oubli"
- Pierre Howard

- 17 nov.
- 3 min de lecture
Stéphane Bern n’a jamais caché son amour profond pour le patrimoine français. Depuis des années, il raconte l’histoire des lieux, des personnalités et des traditions qui composent la mémoire collective du pays. Mais derrière les caméras et les émissions qui ont fait sa renommée, un projet bien plus personnel l’habite : celui de restaurer, de ses propres mains et à ses propres frais, une bâtisse chargée de siècles et d’histoires. À Thiron-Gardais, petit village situé à proximité de Nogent-le-Rotrou dans le Perche, l’animateur a entrepris l’un des défis les plus ambitieux de sa vie : offrir une renaissance à un ancien collège royal et militaire abandonné, datant de 1630.
Selon un article d’AD Magazine, c’est là que tout commence. Au milieu de ces murs marqués par le temps, Stéphane Bern ressent une forme d’évidence, presque un appel. Les pierres portent encore l’empreinte des élèves qui ont traversé les salles, des bénédictins qui ont vécu à proximité, des générations qui se sont succédé avant que le bâtiment ne sombre peu à peu dans l’oubli. Lorsque l’animateur découvre l’endroit, il perçoit immédiatement ce que tant d’autres n’y voyaient plus : une part de l’histoire française qui méritait d’être sauvegardée. Il confiera plus tard : "Je suis tombé amoureux de ces vieilles pierres qui réclamaient qu’on les sauve de l’oubli".

En 2012, il en fait l’acquisition pour 300 000 €, conscient que ce montant n’est qu’un début. Ce projet, qu’il savait déjà colossal, va rapidement devenir une aventure humaine, artistique et financière hors du commun. Durant plusieurs années, il mobilise artisans, bâtisseurs, spécialistes du patrimoine, jardiniers et restaurateurs d’art. Chaque pierre déplacée, chaque poutre consolidée, chaque fenêtre restaurée devient un acte de transmission. Au total, ce sont pas moins de 4 millions d’euros qu’il investit pour faire revenir ce lieu à la vie. Une somme vertigineuse, qui le pousse même à hypothéquer son appartement parisien. Mais jamais il ne regrettera ce choix.
Interrogé par Le Parisien, il résume sa situation avec une sincérité désarmante : "Si je suis très objectif avec moi-même, je suis ruiné, mais fier. Fier d’avoir fait travailler une centaine d’artisans de métiers d’art, fier d’avoir sauvé ce lieu d’Histoire, fier qu’il se visite. J’adore le faire visiter !". Ce sourire qu’il affiche lorsqu’il ouvre les portes de sa demeure au public dit bien plus que ses mots : quelqu’un qui a choisi la passion plutôt que la prudence, la sauvegarde plutôt que le confort.

L’ancien collège, qui s’étend sur plus de 600 m², a été entièrement repensé pour accueillir les visiteurs. Les anciennes salles de classe racontent désormais l’histoire du lieu grâce à des expositions sobres et délicates. Le domaine, lui aussi restauré, offre une promenade à travers des jardins qui ont retrouvé l’élégance d’antan. Entre les arbres, les fleurs et les allées soigneusement dessinées, on perçoit la volonté de Stéphane Bern : rendre l’histoire vivante, accessible, respirable.
Ce lieu attire aujourd’hui des milliers de curieux, sensibles à la beauté de la restauration comme à la personnalité de son propriétaire. Les médias ne manquent pas de souligner ce projet hors norme, reconnaissant à l’animateur son engagement concret et durable pour le patrimoine. Pourtant, sur les réseaux sociaux, certains s’interrogent et supposent qu’il pourrait accumuler trop d’objets, évoquant la syllogomanie. Une interprétation que Stéphane Bern balaie avec calme : pour lui, chaque objet choisi a un sens, une fonction, un lien avec l’histoire à transmettre.
Récemment, un autre événement l’a profondément touché : le cambriolage du Louvre, survenu le dimanche 19 octobre 2025. Huit bijoux ont été dérobés, dont la célèbre broche reliquaire ayant appartenu à l’impératrice Eugénie. Retrouvée quelques jours plus tard, elle était malheureusement brisée. Apprenant la nouvelle, Stéphane Bern s’est dit "effondré". Pour lui, toute atteinte portée à un objet historique est une blessure faite à la mémoire collective. Ce sentiment illustre encore une fois son attachement viscéral à la préservation du patrimoine.
Aujourd’hui, sa demeure de Thiron-Gardais est devenue plus qu’un lieu de vie : c’est un acte d’amour envers l’histoire, un geste de transmission, une forme de promesse faite à toutes ces pierres qu’il a refusé de laisser disparaître. En visitant les lieux, on ressent immédiatement que ce n’est pas seulement un projet architectural, mais une aventure profondément humaine où la passion, le courage et la sensibilité se rencontrent. Et lorsqu’il affirme, presque timidement, "J’adore le faire visiter", on devine que ce qu’il partage là n’est pas qu’un bâtiment : c’est un morceau de son cœur.

















































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