Intermarché : “Un milliard de vues”, Thierry Cotillard encore abasourdi par le succès mondial de la publicité du loup “mal aimé”
- Maxime Lemoine

- il y a 3 jours
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Dernière mise à jour : il y a 1 jour
C’est une réussite que personne n’avait réellement anticipée à une telle échelle. En quelques jours à peine, la publicité de Noël d’Intermarché, intitulée "Le mal aimé", s’est transformée en un phénomène mondial, dépassant largement le cadre de la communication commerciale pour s’imposer comme un véritable objet culturel et émotionnel. Créée par l’Agence Romance et animée par les studios montpelliérains Illogic, cette campagne va franchir cette semaine le seuil symbolique du milliard de vues à travers le monde. Un chiffre vertigineux, qui laisse encore son président, Thierry Cotillard, à la fois fier, ému et presque incrédule.
Invité du journal de 20 heures de France 2, présenté par Léa Salamé, le dirigeant du groupement Mousquetaires n’a pas caché sa surprise. "On ne s’y attendait pas. On savait que c’était bon, mais de là à faire le tour du monde…", confie-t-il avec une sincérité désarmante. Ce succès planétaire, il le décrit comme une forme de victoire collective, mais aussi comme une affirmation forte d’un choix assumé dès le départ. "C’est un peu notre victoire. C’est la victoire cocorico, puisqu’on avait décidé qu’il n’y aurait pas d’IA et que l’on voulait une création française."

Dans un contexte où de nombreuses campagnes publicitaires misent désormais sur l’intelligence artificielle et des effets spectaculaires, Intermarché a pris le parti inverse. Une décision presque militante, selon Thierry Cotillard, qui y voit un clin d’œil assumé à l’industrie publicitaire internationale. "C’est un petit clin d’œil aux Américains qui nous en mettent plein les mirettes toute l’année avec de la pub en IA", glisse-t-il, non sans fierté. Ici, pas d’algorithmes, mais une histoire, des dessins animés réalisés avec soin, et surtout une émotion universelle.
Au cœur de ce succès, un personnage : un loup. Un loup solitaire, rejeté par les autres animaux, car il inspire la peur. Un loup qui, plutôt que de répondre par la violence, choisit la douceur et la patience. Dans ce conte de Noël moderne, il se met à cuisiner des légumes, tente de se rendre utile, de changer le regard que les autres portent sur lui. Peu à peu, la méfiance laisse place à la curiosité, puis à l’acceptation, jusqu’à ce moment clé où le “mal aimé” trouve enfin sa place autour de la table du Réveillon.
Pour Thierry Cotillard, cette histoire touche juste parce qu’elle renvoie à quelque chose de profondément enfoui en chacun de nous. "Ce loup ramène les Français dans un imaginaire d’enfant", explique-t-il. "Ce conte de Noël nous ramène sur les valeurs de convivialité, de vivre ensemble, de lutte contre l’exclusion. Parce que le mal-aimé, il sera finalement à la table de ses nouveaux amis pour le Réveillon." Des mots simples, mais porteurs d’un message puissant, qui résonne bien au-delà des frontières françaises.
La bande-son n’est pas étrangère à l’émotion ressentie. La chanson "Le Mal-aimé" de Claude François, qui accompagne le parcours du loup, connaît un regain spectaculaire de popularité depuis la diffusion du spot. Les écoutes ont explosé, preuve supplémentaire que cette publicité a su créer un pont entre les générations, mêlant nostalgie et modernité, souvenirs d’enfance et préoccupations contemporaines.
Face à cet engouement massif, Intermarché a cependant été dépassé par l’ampleur de la demande, notamment concernant les produits dérivés. Très vite, le public a exprimé son désir de posséder une peluche à l’effigie de ce loup devenu si attachant. Un objet rassurant, presque symbolique, que beaucoup imaginaient déjà au pied du sapin. Mais là encore, la réalité s’est imposée. "La vérité, c’est qu’on a été pris de court", reconnaît Thierry Cotillard sans détour.
Le groupe a fait le choix de la cohérence, quitte à frustrer l’impatience. "On va pouvoir en produire une centaine d’ici la fin de l’année, parce qu’on la veut française et européenne. On a fait le choix de ne pas importer ça de Chine", explique-t-il. Ces premières peluches ne seront pas commercialisées, mais offertes à des associations pour des enfants, dans un esprit de partage fidèle aux valeurs portées par la publicité.
Quant à la vente au grand public, elle est promise pour l’année prochaine. "On prend l’engagement que pour l’année prochaine, au pied du sapin, il y aura bien cette petite peluche", assure le président des Mousquetaires. Une promesse qui s’inscrit dans le temps long, loin des logiques de consommation immédiate, mais en parfaite adéquation avec le message du loup “mal aimé”.
En attendant, la vigilance est de mise. Plusieurs sites proposent déjà à la vente des peluches ressemblant au personnage, mais sans aucun lien officiel avec Intermarché. Le groupe met en garde contre ces contrefaçons, rappelant que toute peluche disponible actuellement ne peut être que frauduleuse. Une autre conséquence directe de ce succès fulgurant, qui montre à quel point ce loup a su capturer l’imaginaire collectif.
Plus qu’une publicité, "Le mal aimé" est devenu un symbole. Celui d’un retour à des récits simples, porteurs de sens, capables de rassembler autour de valeurs communes. Dans un monde souvent marqué par la division et la défiance, l’histoire de ce loup rejeté puis accepté agit comme une parenthèse de douceur. Et peut-être est-ce là, finalement, la clé de ce milliard de vues : une histoire qui rappelle que chacun, même le “mal aimé”, mérite sa place à la table.

















































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