À défaut de peluche, Intermarché invite le public à poser avec le loup de sa publicité grâce à des Photomatons dopés à l’IA
- Émilien Charvoz

- 29false56 GMT+0000 (Coordinated Universal Time)
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 09false48 GMT+0000 (Coordinated Universal Time)
Près d’un milliard de vues plus tard, le loup d’Intermarché continue de faire parler de lui. Devenu en quelques jours une véritable icône populaire, ce personnage tendre et mal-aimé, né de la dernière publicité de Noël du groupe, a dépassé le simple statut de mascotte publicitaire pour s’imposer comme un phénomène culturel. Face à cet engouement massif et à la frustration de nombreux fans privés de la fameuse peluche promise, Intermarché a trouvé une alternative inattendue pour prolonger la magie : permettre au public de poser aux côtés du loup… grâce à l’intelligence artificielle.
La publicité, réalisée par le studio d’animation montpelliérain Illogic Studios, avait pourtant revendiqué haut et fort une création 100 % humaine, sans aucun recours à l’IA. Ce choix artistique et éthique avait largement contribué à la sympathie suscitée par le film, salué pour sa douceur, son message inclusif et son esthétique chaleureuse. Mais face à une demande colossale et à l’impossibilité de proposer rapidement une peluche à l’effigie du loup, Intermarché a dû imaginer une autre façon de rapprocher le public de son nouveau héros.

C’est dans ce contexte que le groupe a noué un partenariat avec Photomaton, marque appartenant au groupe ME Group, afin de proposer des cabines photo spéciales dans certains magasins. Le principe est simple et séduisant : pour trois euros, les clients peuvent repartir avec un cliché sur lequel ils apparaissent aux côtés du célèbre loup, intégré à l’image grâce à de l’IA générative. Le personnage est représenté vêtu d’un pull de Noël, parfois dans une posture de câlin, parfois simplement assis à côté de la personne photographiée, dans plusieurs décors inspirés de l’univers du film publicitaire.
Cette initiative, qualifiée de "pensée à la hâte" par des sources proches du dossier, a été mise en place en seulement quelques jours afin de répondre à l’enthousiasme viral suscité par la campagne de Noël. Les premières cabines devraient être déployées très rapidement dans les magasins Intermarché, juste à temps pour les derniers achats des fêtes, offrant ainsi une expérience originale aux familles et aux enfants, mais aussi aux adultes touchés par l’histoire du loup.
Le contraste n’en est que plus frappant : alors que la publicité avait fait de l’absence totale d’intelligence artificielle un véritable argument de communication, c’est précisément cette technologie qui est aujourd’hui mobilisée pour prolonger l’expérience. Un paradoxe assumé, qui illustre aussi la capacité d’adaptation d’une grande enseigne face à un succès imprévu. Il ne s’agit plus ici de création artistique, mais d’un dispositif expérientiel destiné à entretenir le lien émotionnel avec le public.

Du côté de Photomaton, cette collaboration permet de mettre en lumière un savoir-faire déjà bien rodé. Les cabines de la marque utilisent l’IA générative depuis plusieurs mois et proposent déjà une vingtaine de thèmes différents, allant de décors féeriques à des mises en scène plus ludiques. En septembre 2025, plus d’un million et demi de photos avaient été prises dans ces cabines réparties dans les supermarchés, les gares et les stations de métro. L’ajout du loup d’Intermarché s’inscrit donc dans une logique de continuité, tout en profitant d’un phénomène médiatique d’une ampleur rare.
Si cette initiative amuse et intrigue, elle ne fait toutefois pas oublier la question centrale qui agite les fans depuis plusieurs semaines : celle de la peluche. Intermarché a répété à plusieurs reprises que la production de cet objet emblématique prendrait du temps, l’enseigne ayant fait le choix de fabriquer en France, voire en Europe, afin de rester cohérente avec ses engagements. Un choix qui implique des délais plus longs, repoussant la commercialisation à la fin de l’année 2026.
En attendant, le groupe met en garde contre les nombreuses arnaques apparues en ligne. Des sites frauduleux proposent déjà de fausses peluches à l’effigie du loup, dans le but de soutirer des données bancaires ou personnelles aux consommateurs. Intermarché a ainsi appelé à la plus grande vigilance, rappelant qu’aucune peluche officielle n’est actuellement en vente.
Cette absence, paradoxalement, ne semble pas freiner l’attachement du public au personnage. Au contraire, le loup continue de vivre à travers des détournements artistiques, des reprises de la chanson "Le Mal-Aimé" de Claude François, et désormais, ces photos souvenirs rendues possibles par la technologie. Plus qu’un simple coup marketing, le loup est devenu un symbole, celui d’un récit qui parle d’exclusion, de douceur et de réconciliation, et qui a su toucher des spectateurs bien au-delà des frontières françaises.
En proposant ces Photomatons, Intermarché ne remplace pas la peluche tant attendue, mais offre une parenthèse, un instant de proximité avec un personnage qui a su réveiller l’enfant intérieur de millions de personnes. Une manière, aussi, de rappeler que derrière la technologie, ce qui compte avant tout, c’est l’émotion qu’elle permet de transmettre.

















































Commentaires