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Des années après sa disparition, dans les Yvelines, la maison de Raymond Devos devenue musée ouvre une fenêtre bouleversante sur l’âme d’une légende du music-hall

  • Photo du rédacteur: Pierre Howard
    Pierre Howard
  • 16 nov.
  • 4 min de lecture
Raymond Devos : la maison-musée qui préserve l’âme d’un génie des mots, cent ans après sa naissance

Discrète derrière un grand portail et une rangée d’arbres au détour d’un virage de Saint-Rémy-lès-Chevreuse, la maison où Raymond Devos a vécu plus de quarante ans conserve encore aujourd’hui son allure paisible, presque modeste — à l’image de son ancien propriétaire.


Mais il suffit d’en franchir la porte pour que s’ouvre tout un monde : celui d’un artiste inclassable, niché dans une demeure ancienne entourée d’un jardin de deux hectares au bord de l’Yvette, où le chant des oiseaux et le bruit de l’eau semblent garder en mémoire chacun de ses souvenirs.


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C’est ici que Raymond Devos a vécu, créé, et rendu son dernier souffle le 15 juin 2006. Et c’est également ici, conformément à sa volonté, que la maison est devenue un musée vivant, ouvert au public depuis 2016 — pour que « le spectacle continue », comme il aimait à le dire.


Chaque pièce de la maison a été réaménagée non pas pour reconstituer une vie quotidienne, mais pour raconter l’art de Devos — un art à la fois poétique, absurde, subtil et profondément intelligent.

La première salle plonge le visiteur dans les coulisses : la coiffeuse, les boîtes pleines de nez de clown, la clarinette de son enfance, la poudre de maquillage encore ouverte — comme si Devos allait revenir d’un instant à l’autre. « Il avait toujours une drôle de peur avant d’entrer en scène », se souvient Anne-Marie Jancel, administratrice de la Fondation Devos.


Les combles, que Devos appelait « mon petit musée », ont été conservées intactes. L’endroit respire son imagination : un théâtre miniature aux personnages de la commedia dell’arte, une figurine de Charlie Chaplin, des jouets qu’il n’avait jamais eus enfant, et surtout, le fameux costume bleu ciel qui l’a rendu iconique sur scène.


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À l’étage, le visiteur découvre une salle entière remplie des instruments que Devos utilisait — dix-sept au total, dont beaucoup fabriqués ou transformés dans un esprit fantaisiste :

un cor dont le tuyau s’allonge à l’infini, un trombone conçu pour gonfler un ballon, un xylophone qui produit des bulles de savon, et, pièce maîtresse, une clarinette « molle » inspirée du surréalisme de Salvador Dalí. Devos n’était pas un virtuose, mais la musique était son oxygène. Il apprenait sérieusement : piano, clarinette, flûte… et prenait encore des cours de flûte traversière à 80 ans.


Raymond Devos est né en 1922 en Belgique dans une famille française pauvre de six enfants. Son père, industriel malchanceux, obligeait toute la famille à déménager sans cesse. Malgré ses excellents résultats, Devos dut quitter l’école à 14 ans pour travailler aux Halles.


Mais son destin n’était pas celui d’un manutentionnaire. Très tôt, il monta sur scène : d’abord marionnettiste, puis acteur dans des pièces de Marcel Aymé, Guitry ou Molière.

En 1955, il présente son premier sketch — et l’univers du comique français ne sera plus jamais le même.

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Raymond Devos n’était pas un simple humoriste : c’était un poète de l’absurde, un magicien du langage capable de faire exploser de rire une salle entière par un simple détour logique. Ses textes emblématiques — « Parler pour ne rien dire », « À tort ou à raison » — sont devenus des classiques étudiés, rejoués, admirés.


Michel Boujenah résumait parfaitement :« Devos n’avait pas besoin d’en faire trop. Il suffisait qu’il soit là, et les mots devenaient des feux d’artifice. » Sa marque de fabrique ? Une alchimie unique entre humour, philosophie, poésie et non-sens — toujours servie avec bienveillance et élégance.


Devos était un homme chaleureux, entouré de fidèles. Dans la maison-musée, les visiteurs croisent souvent des photos de Georges Brassens, son ami le plus proche. « Quand Brassens est mort, Devos s’est écroulé », raconte Anne-Marie Jancel. « Il glissait toujours une chanson de Brassens dans ses spectacles. »


De nombreux artistes — Dany Boon, Michel Boujenah, Yves Duteil… — reconnaissent son influence. Dany Boon raconte même que c’est grâce aux textes de Devos qu’il est tombé amoureux de la littérature.


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Le 9 novembre, pour le centenaire de sa naissance, une pluie d’hommages a été partagée.

Muriel Robin écrit :« Devos jouait avec les mots comme d’autres jouent avec les notes. Merci pour ces mélodies espiègles qui nous chatouillent encore l’oreille. » Dany Boon, considéré comme son « fils spirituel », confie :« Il a retourné notre logique… et c’est dans cette absurdité qu’il a rendu le monde plus clair. »


D’autres artistes — Pierre Palmade, François Morel, Éric Antoine, Virginie Hocq, Michel Boujenah — ont salué sa mémoire. À cette occasion, le Prix Raymond-Devos 2022 a été remis à Alex Lutz, tandis que Muriel Robin a reçu le Prix spécial des 100 ans de Raymond Devos, une distinction exceptionnelle.



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Raymond Devos est mort dans cette maison qu’il aimait tant, mais son héritage demeure intact. Chaque pièce, chaque objet, chaque instrument reflète un fragment de son âme — malicieuse, tendre, intelligente et éblouissante.


Sa maison-musée n’est pas un simple lieu d’exposition : c’est un spectacle perpétuel, où l’on ne fait pas que voir Devos… on le ressent. Son sourire doux, son humour élégant, son génie des mots continuent d’habiter ces murs. Raymond Devos n’est plus, mais son rire — lui — résonne encore. Et résonnera longtemps.



 
 
 

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