“J’ai pu être cassante” : Muriel Robin se confie avec une sincérité bouleversante sur la colère, la souffrance et le long chemin vers l’apaisement
- Théo Ruisseau

- il y a 4 jours
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Invitée d’Isabelle Ithurburu dans l’émission "Portrait de 50’ Inside" diffusée ce samedi 13 décembre sur TF1, Muriel Robin a offert aux téléspectateurs un moment de télévision rare, intime et profondément émouvant. À l’occasion de la promotion de son nouveau film "La pire mère au monde", la comédienne et humoriste de 70 ans s’est livrée sans filtre sur le travail intérieur qu’elle mène depuis plusieurs années, sur les blessures qui l’ont longtemps habitée, mais aussi sur la femme apaisée qu’elle affirme être devenue aujourd’hui.
Face à la journaliste, Muriel Robin n’a pas cherché à embellir son passé. Bien au contraire. Lorsque Isabelle Ithurburu l’a interrogée sur le regard qu’elle porte désormais sur celle qu’elle était autrefois, l’émotion a immédiatement affleuré. La voix parfois tremblante, l’artiste a laissé parler son cœur. "Ça me fait de la peine. Ça me fait de la peine d’avoir été si mal et peut-être d’avoir fait du mal aussi", a-t-elle confié, visiblement touchée par ses propres mots. Elle a poursuivi avec une lucidité désarmante : "Je ne suis pas… Je suis gentille. Je suis quelqu’un de gentil profondément, j’en suis sûre. Mais j’ai pu être cassante, j’ai pu être… Tout m’énervait, quoi."

Ces paroles, dites sans détour, révèlent une femme longtemps en lutte avec elle-même. Muriel Robin a expliqué que cette dureté apparente n’était en réalité qu’une carapace, un mécanisme de défense forgé par des années de souffrance intérieure. "Je mordais, en fait, pour ne pas pleurer", a-t-elle résumé simplement. Une phrase courte, mais d’une puissance immense, qui éclaire d’un jour nouveau certains aspects de sa personnalité passée, souvent perçue comme excessive ou colérique.
Interrogée sur son état actuel, la comédienne n’a pas hésité longtemps avant de répondre. À la question de savoir si elle se sent aujourd’hui réparée, Muriel Robin a hoché la tête et répondu avec une sobriété presque pudique : "Oui. Oui." Deux mots, répétés, comme pour mieux les ancrer dans le réel. Comme si cette certitude était le fruit d’un combat long et silencieux.
Cette évolution personnelle trouve un écho particulier dans son actualité artistique. Dans "La pire mère au monde", une comédie réalisée par Pierre Mazingarbe, Muriel Robin incarne Judith, une greffière aux relations complexes et parfois conflictuelles avec sa fille, interprétée par Louise Bourgoin. Un rôle qui semble résonner avec son propre cheminement, même si l’artiste ne cherche jamais à établir de parallèle direct. Elle y voit toutefois l’occasion d’explorer des émotions qu’elle connaît intimement, mais avec le recul et la sérénité qu’elle a acquis au fil du temps.
Depuis 2023, Muriel Robin a décidé de se recentrer sur elle-même, de prendre soin de ses fragilités et d’apprendre à apprivoiser ce qui l’a longtemps dépassée. Elle ne nie rien de ce qu’elle a été. "J’étais infréquentable", a-t-elle reconnu avec une franchise désarmante. "J’étais tout le temps énervée." Avant d’ajouter, avec une forme de douceur nouvelle : "Je continue… Tout ne va pas très vite, mais j’apprends la lenteur."
Ce mot, la lenteur, semble aujourd’hui central dans sa vie. Là où tout était urgence, tension et débordement, Muriel Robin revendique désormais le calme. "Ce qui me ravit dans la femme que je suis devenue, c’est le calme", a-t-elle expliqué. Un état qu’elle n’imaginait pas atteindre un jour. Elle-même le reconnaît : ce n’était "pas du tout" gagné d’avance.
L’épouse d’Anne Le Nen est également revenue sur ces longues années durant lesquelles elle dit s’être perdue. "Je me suis perdue pendant 30 ans", a-t-elle affirmé, avant d’expliquer qu’elle a peu à peu retrouvé la jeune femme qu’elle était à son arrivée à Paris, pleine d’élan et d’espoir. Un retour à soi, lent mais profond, qui semble aujourd’hui porter ses fruits.
Fidèle à son sens de l’humour, Muriel Robin a aussi su désamorcer l’émotion par quelques traits d’esprit. Lorsque Isabelle Ithurburu lui a demandé si elle lui arrivait encore de râler, elle a répondu avec un sourire : "Pas beaucoup, pas trop…" Avant d’ajouter, sur le ton de la plaisanterie : "Je pense que le Dalaï-Lama doit faire gaffe. Je vais encore un peu bosser. Sur le côté, je le double." Une boutade qui a fait sourire le plateau, mais qui souligne surtout le chemin parcouru. "Après avoir été la fille la plus énervée et la plus agressive de la France, on me retrouve en toge !", a-t-elle lancé, amusée par ce retournement de situation.
Au-delà du calme, Muriel Robin a également évoqué une autre reconquête essentielle : celle de sa féminité. Elle affirme l’avoir retrouvée, l’avoir enfin comprise et acceptée. "J’ai mis la main dessus", a-t-elle déclaré avec fierté. Aujourd’hui, elle se dit réparée, alignée, et ose même une phrase forte, presque définitive : "C’est ma plus belle œuvre."
À travers ces confidences rares, Muriel Robin offre bien plus qu’un témoignage. Elle livre un message d’espoir, celui qu’il n’est jamais trop tard pour se retrouver, pour se réparer et pour transformer la colère en apaisement. Une parole précieuse, portée par une femme qui n’a jamais cessé de chercher la vérité, même lorsqu’elle faisait mal.

















































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