L’ère de « l’argent facile » pour les trésoreries crypto touche à sa fin, mais cela pourrait être bénéfique pour le secteur
- Émilien Charvoz

- 12 sept.
- 2 min de lecture
Les sociétés de trésorerie crypto devront désormais aller bien au-delà de la simple reproduction de la stratégie de MicroStrategy pour espérer prospérer dans un marché en pleine maturité. Cette concurrence accrue pourrait d’ailleurs soutenir les prix des cryptomonnaies.
Selon Coinbase, les entreprises cotées qui achètent du Bitcoin et d’autres actifs numériques entrent dans une phase de « player versus player » où la compétition pour attirer les investisseurs sera plus rude, ce qui pourrait mécaniquement faire grimper les cours.
« L’époque de l’argent facile et des primes garanties sur la valeur nette (mNAV) est révolue », ont expliqué mercredi David Duong, responsable de la recherche chez Coinbase, et l’analyste Colin Basco dans un rapport.
Ils estiment que les trésoreries d’actifs numériques (DAT) se trouvent à un tournant : seules les sociétés les mieux positionnées stratégiquement tireront leur épingle du jeu, mais l’afflux inédit de capitaux venant de ces véhicules pourrait « doper » les rendements du marché.

Les observateurs soulignent que le marché est déjà saturé et que toutes les entreprises ne survivront pas à long terme. NYDIG a ainsi rappelé vendredi que de nombreuses sociétés spécialisées ont vu leur valorisation chuter, alors même que le Bitcoin (BTC) dépassait les 114000 dollars.
Duong et Basco notent que les pionniers, à l’image de MicroStrategy, ont longtemps profité de primes de rareté substantielles. Mais aujourd’hui, la concurrence, les risques d’exécution et les contraintes réglementaires ont entraîné une compression de ces marges.
« La prime de rareté dont bénéficiaient les premiers entrants s’est déjà dissipée », précisent-ils. « Les trésoreries crypto ont atteint un point d’inflexion critique. » Désormais, la réussite ne repose plus sur la copie du modèle MicroStrategy, mais sur l’exécution, la différenciation et le bon timing.
Coinbase invite également à la prudence face au fameux « effet septembre », selon lequel Bitcoin aurait tendance à chuter chaque année durant ce mois. Entre 2017 et 2022, l’actif a effectivement connu six baisses consécutives en septembre, incitant certains investisseurs à se méfier. « Mais si vous aviez basé votre stratégie là-dessus, vous vous seriez trompés en 2023 et 2024 », rappellent les chercheurs.
D’après eux, la saisonnalité mensuelle n’a rien d’un indicateur fiable : « Le mois de l’année n’est pas un prédicteur statistiquement robuste de la performance positive ou négative du BTC. Nous ne pensons pas que ce soit un signal pertinent de trading. »
Les analystes de Coinbase anticipent que la Réserve fédérale réduira ses taux à deux reprises, d’abord lors de sa réunion de mardi prochain, puis en octobre. Ils estiment que cette dynamique laissera « de la marge » à la hausse pour les cryptomonnaies au quatrième trimestre.
Le Bitcoin pourrait continuer à surperformer, bénéficiant de vents macroéconomiques favorables, comme la progression de l’inflation américaine (+0,4 % en août, +2,9 % sur un an).
Historiquement, les baisses de taux ont toujours profité aux actifs risqués, dont les cryptomonnaies.
« En entrant dans le quatrième trimestre, nous conservons une vision constructive sur le marché crypto, portée par une liquidité robuste, un environnement macroéconomique favorable et des évolutions réglementaires encourageantes », concluent Duong et Basco.


































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