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Papa comblé mais marqué par l’illettrisme : Kendji Girac transforme sa blessure en force

  • Photo du rédacteur: Auriane Laurent
    Auriane Laurent
  • il y a 3 jours
  • 4 min de lecture
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Kendji Girac, la voix du cœur contre l’illettrisme. Artiste solaire et proche du public, Kendji Girac a conquis la France par sa musique, son sourire et son histoire hors du commun. Aujourd’hui, le chanteur gitan devenu star choisit de mettre sa notoriété au service d’un combat qui le touche en plein cœur : celui contre l’illettrisme. Une cause qu’il connaît intimement, et pour laquelle il s’engage désormais avec une sincérité qui force le respect.

Un parcours hors norme, marqué par la musique et les mots manquants

Révélé en 2014 grâce à The Voice, Kendji Girac s’est imposé en quelques mois comme l’un des artistes les plus populaires de l’Hexagone. Son univers coloré, entre flamenco, pop et variétés, a séduit toutes les générations. Mais derrière cette ascension fulgurante se cache une histoire plus fragile, parfois douloureuse.


Issu de la communauté gitane, Kendji a quitté l’école à l’âge de 16 ans pour vivre de sa passion musicale. « Lire, je l’ai appris à l’école, mais je ne savais pas écrire comme quelqu’un qui a eu un parcours scolaire classique », confiait-il déjà en 2022 dans Le Parisien. Adolescent, il écrivait « en phonétique », sans règles ni repères. La signature de son premier contrat chez Universal reste pour lui un souvenir amer : « J’ai dû écrire Je soussigné Kendji Girac. C’était comme écrire un livre entier. J’avais peur de faire des fautes, je ne voulais même pas signer. »


Ce témoignage personnel explique pourquoi, à 29 ans, le chanteur, aujourd’hui papa de deux enfants avec sa compagne Soraya, veut utiliser son influence pour tendre la main à ceux qui, comme lui, ont connu la difficulté des mots.


De la scène à l’écran, un porte-parole inattendu

Au fil des années, Kendji est devenu bien plus qu’un chanteur populaire. Il s’est imposé comme un visage familier et rassurant de la culture française. C’est dans ce rôle qu’il a accepté de tourner dans le film Champion, centré sur le sujet sensible de l’illettrisme. Un premier pas pour briser le silence autour de cette problématique encore taboue, qui touche pourtant plus de 3 millions de personnes en France.


Mais il ne s’est pas arrêté là. France 2 l’a choisi pour être le fil rouge d’un projet inédit et ambitieux : « J’ai pas les mots – 8 semaines pour sortir de l’illettrisme », une émission de service public qui sera diffusée le 9 septembre 2025. Pendant deux mois, sept participants aux parcours variés seront accompagnés dans un programme d’apprentissage intensif, entourés de formateurs et soutenus par Kendji lui-même. L’objectif : leur donner les outils pour reconquérir leur autonomie, et leur rendre la confiance souvent perdue quand les mots deviennent un obstacle.


Une cause nationale, un visage humain

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Les chiffres donnent le vertige. Selon l’Insee, en 2022, 4 % des Français âgés de 18 à 64 ans, soit 1,4 million d’adultes, étaient en situation d’illettrisme. Derrière ce pourcentage, ce sont des vies freinées, des carrières bloquées, des démarches administratives impossibles à accomplir. Et bien souvent, une honte silencieuse qui isole et détruit peu à peu l’estime de soi.


Kendji le sait, et c’est ce qui rend son engagement si puissant : il parle avec le vécu, et non depuis une position lointaine ou condescendante. Lui qui a dû apprivoiser les mots et les fautes voit dans cette mission une manière de transformer sa propre histoire en levier d’espoir. « Je veux montrer qu’on peut s’en sortir, qu’on peut apprendre et avancer, même quand on croit être enfermé dans ses difficultés », répète-t-il souvent.


Engagé pour l’illettrisme, Kendji reste fidèle à son image d’artiste au grand cœur. Ces dernières années, il a multiplié les élans de solidarité. Sa participation régulière aux Enfoirés pour les Restos du Cœur en est un exemple. « Les Enfoirés, c’est une deuxième famille », dit-il. C’est là qu’il a noué de vraies amitiés avec d’autres artistes, et trouvé un soutien précieux dans les moments difficiles.


Car Kendji n’a pas été épargné. Sa récente blessure par balle – un accident qui a marqué ses proches et ses fans – aurait pu l’éloigner de la scène. Mais au contraire, il en est sorti plus fort, animé d’une envie de donner encore davantage. « Parfois, on touche le fond. Ce sont les bonnes personnes autour de nous qui nous remontent, et ça change tout », confiait-il récemment.


Une voix qui résonne plus fort que jamais

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Avec ce nouveau rôle de porte-parole contre l’illettrisme, Kendji Girac franchit un cap dans sa carrière et dans sa vie personnelle. Loin de se limiter à ses tubes populaires ou à ses tournées à guichets fermés, il affirme un engagement citoyen rare dans le milieu de la musique.


Il ne s’agit plus seulement de chanter pour divertir, mais de chanter pour éveiller les consciences. En prêtant son image et son histoire à une cause trop souvent laissée dans l’ombre, il ouvre un espace de dialogue, de solidarité et d’action.

À travers cette initiative, Kendji prouve que le succès n’a de sens que s’il est partagé. Lui qui a grandi dans une caravane, loin des bancs d’école classiques, sait combien chaque victoire sur soi-même est précieuse. Aujourd’hui, il veut transmettre ce message à ceux qui doutent encore.


À 29 ans, Kendji Girac n’a peut-être pas « tous les mots », mais il a trouvé la force de leur donner un sens. Sa musique parle d’amour, de fête, de racines, mais désormais aussi de résilience et de persévérance.


« Lire, écrire, comprendre… ce sont des outils pour vivre, pour s’émanciper. J’ai appris ça sur le tard, et je veux aider d’autres à ne pas baisser les bras », explique-t-il.


Avec J’ai pas les mots, France 2 offre une tribune nationale à ce combat, et donne à Kendji un rôle qui dépasse largement celui d’un chanteur. Il devient le visage d’une cause, la voix de ceux qu’on n’entend pas, et peut-être l’étincelle qui déclenchera une prise de conscience collective.




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