Sheila en deuil : “Je m’en fous” – ce grand absent aux obsèques de son fils Ludovic dont elle préfère ne pas parler
- Auriane Laurent

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Dans un entretien accordé à La Tribune Dimanche le 26 octobre, Sheila est revenue sur le drame qui a bouleversé sa vie : la mort de son fils unique, Ludovic Chancel. Avec une amertume à peine voilée, elle a confirmé l’absence de son ancien amour — le père de Ludovic — lors des funérailles de leur enfant.
Mariés en 1973, ils avaient accueilli leur fils l’année suivante, symbole d’une union que tout le monde croyait parfaite. Mais derrière l’image lisse, les fissures étaient déjà là. Le couple s’est peu à peu désuni, les échanges se sont refroidis. En 1979, la rupture fut définitive. Depuis ce jour, ils ne se sont plus jamais parlé.

Dans un entretien plus ancien pour Gala, Sheila avait confié :
“Il n’a jamais bien traité son fils. Dans toute sa vie, il ne l’a vu que deux fois. Ludo n’a aucun souvenir de vacances ou de moments partagés avec lui. Il n’a jamais cherché à le revoir, même si la garde était conjointe. Et moi, je ne l’ai plus jamais croisé depuis le divorce.”
Une cassure irréparable, que ni le temps ni les tragédies n’auront su refermer.
À 80 ans, Sheila reste une artiste en mouvement, vibrante, vivante. Son dernier album, À l’avenir, célèbre plus de soixante ans de carrière. Mais derrière les projecteurs, la plaie de 2017 reste béante. Car ce mois de juillet-là, Ludovic Chancel est mort d’une overdose de cocaïne et de benzodiazépines, à seulement 42 ans.
Fruit de l’union entre Sheila et Ringo — duo mythique de la chanson française des années 1970 —, Ludovic a grandi dans une relation complexe avec ses deux parents. Élevé par sa mère, il a grandi avec ce vide immense laissé par l’absence d’un père qu’il n’a jamais vraiment connu.

Lorsque le drame a frappé, Sheila a tout organisé seule. Ringo, lui, n’était pas présent aux obsèques. Interrogée sur cette absence, la chanteuse a répondu, d’une voix ferme :
“Je m’en fous. Je ne l’ai pas vu depuis 1979. Ne me parlez plus de Ringo.”
Quelques mots, secs, définitifs. Une phrase qui dit tout — la lassitude, la colère, le détachement. Comme si, dans son deuil, Sheila avait enfin tiré un trait sur ce passé glorieux et fissuré à la fois, ce couple autrefois idolâtré par toute la France.
Avec le temps, les rapports entre Sheila et son fils s’étaient aussi compliqués. En 2012, elle avait même porté plainte contre lui pour “harcèlement” et “menaces de mort”. Une démarche qui, malgré la réconciliation ultérieure, a laissé une cicatrice profonde.
“Une mère se demande toujours ce qu’elle a raté”, confie-t-elle aujourd’hui.Puis, après un silence :“Ludovic avait ses propres batailles à mener. Cela n’efface pas la douleur, mais ça m’aide à ne plus me sentir coupable.”

En mai dernier, dans une autre interview pour Gala, Sheila a livré une vérité bouleversante :
“Quand une mère perd son enfant, elle ne peut plus vivre. Elle n’en a plus envie.”
Mais ce qui l’a sauvée, c’est justement Sheila — ce double artistique qui vit en elle depuis plus de soixante ans.
“Annie n’existe que grâce à Sheila. C’est Sheila qui oblige Annie à continuer à vivre.”
Elle poursuit, avec cette lucidité mêlée de fragilité :
“Aujourd’hui, les deux ne font plus qu’un. Si l’une tombe, l’autre meurt. Je vis deux vies à la fois. C’est étrange, mais c’est ainsi.”
Depuis la mort de Ludovic, chaque jour a été un combat.
“Après Ludo, tout était difficile… Ce qui m’a tenue debout, c’est le travail. Créer, chanter, avancer.”
Mais malgré les années, elle le répète sans détour :
“La mort de Ludovic restera le plus grand drame de ma vie.”

De la jeune idole yéyé à la femme blessée d’aujourd’hui, Sheila a tout connu : la gloire, les ruptures, les silences, la perte. Et pourtant, elle chante encore. Non plus pour briller, mais pour respirer.
Car pour elle, la musique n’est plus un métier : c’est une forme de survie. Quand les projecteurs s’allument, Annie Chancel s’efface, et c’est Sheila qui renaît — celle qui a souffert, trébuché, mais qui se relève toujours, la voix vibrante, fière, lumineuse.
Et peut-être que c’est ainsi qu’elle dit adieu à Ludovic : non pas par des mots, mais par des chansons. Par ce souffle obstiné de vie. Par ce silence aussi, qu’elle garde pour Ringo — cet homme qui fut tout, et qui n’est plus qu’une ombre muette dans sa mémoire.


































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