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"Je me suis dit, autant la tuer": Dahbia Benkired raconte devant la cour d’assises le meurtre de Lola

  • Photo du rédacteur: Auriane Laurent
    Auriane Laurent
  • il y a 5 jours
  • 5 min de lecture
L'Abîme du Mal : Au cœur du procès de Dahbia Benkired, la "tueuse d'enfant" qui paralyse les experts psychiatres

L'atmosphère de la cour d'assises de Paris est lourde d'un silence macabre. Ce n'est pas seulement le silence du deuil, mais le silence stupéfait de l'horreur absolue, de l'indignation à son paroxysme.


Tous les regards sont tournés vers le box des accusés, où Dahbia Benkired, 27 ans, est assise, "regard noir, visage fermé". L'accusée est jugée pour un crime inimaginable : l'enlèvement, le viol, les actes de torture et le meurtre de la petite Lola, le 14 octobre 2022.


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Ce qui se déroule dans cette salle d'audience depuis deux jours n'est pas une simple procédure judiciaire. C'est une confrontation directe avec une "énigme criminelle", une "anomalie statistique" qui repousse les limites de la compréhension humaine du mal.


Les experts psychiatres, ceux qui ont passé leur vie à sonder les esprits les plus malades, ont eux-mêmes dû admettre leur effroi. Ils ne font pas face à une simple meurtrière. Ils font face à quelque chose qui, de leur propre aveu, dépasse l'imagination.


La confession glaciale venue de l'enfer

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Le mercredi 22 octobre, Dahbia Benkired a de nouveau avoué ses crimes. Mais ce ne fut pas l'aveu du remords. Ce fut un récit détaillé, livré avec "une froideur et une apathie" à glacer le sang, qui a stupéfié l'assemblée, y compris les journalistes les plus chevronnés.


Benkired a prétendu que son mobile provenait d'une rage. Mais pas une rage dirigée contre Lola. Une rage contre son ex-compagnon, Mustapha M., qu'elle accuse de "maltraitance" et de lui avoir envoyé des "messages dégradants" juste avant la tragédie.


Et Lola, petit ange de 12 ans, est devenue par le plus pur des hasards la victime expiatoire de cette fureur pathologique. "Je n'ai pas choisi", a dit Benkired au président de la cour lorsqu'il l'interrogeait sur le choix de Lola. "C'est la première personne que j'ai croisée" en sortant de la résidence. Puis, elle a prononcé une phrase qui expose son ignominie absolue : "C'était une personne plus faible que moi."


Elle a utilisé un simple stratagème, demandant à la fillette de l'aider à porter ses valises, pour l'attirer dans l'ascenseur. Mais face au refus de l'enfant, elle a utilisé la force. "Je l'ai tirée par le bras et je l'ai poussée dans l'ascenseur", a-t-elle raconté. "Elle n'a rien dit, n'a pas réagi. Elle n'a réagi à rien de ce que j'ai fait jusqu'à la dernière minute."


Une fois dans l'appartement de sa sœur, où elle était hébergée, le véritable cauchemar a commencé. Elle a forcé Lola à se déshabiller et à prendre une douche, sous le prétexte absurde que la fillette lui aurait dit qu'elle avait ses règles.


Dans la salle de bain, elle a commencé ses actes bestiaux. "Je lui ai touché les seins et je lui ai claqué la tête contre les murs", a raconté Benkired, décrivant également des actes sexuels immondes. Elle a justifié ses gestes en prétendant "reproduire" ce que Mustapha M. lui aurait fait. "Je l'ai attrapée par les cheveux, comme il le faisait."


Mustapha
Mustapha

L'indignation a submergé la salle lorsqu'elle a poursuivi : "Toute la haine que j’avais en moi, je l’ai dirigée contre elle." Mais le pire, ce qui défie toute humanité, fut son explication pour le meurtre de l'enfant. Avec une indifférence insoutenable, elle a dit:

"Ce n'est pas que je voulais la tuer. Je voulais faire du mal à quelqu'un. Mais vu que je l'avais violée, je me suis dit, autant la tuer."

Un calcul glacial. Aucune émotion, aucun remords. La vie d'une enfant, éteinte par "convenance".


Lorsque le président l'a interrogée sur l'absence de réaction de Lola, Benkired a offert une justification immonde qui a soulevé des "soupirs de protestation" sur les bancs des parties civiles : "Pour moi, vu qu’elle ne m’a pas dit non, c’est que c’est oui." Elle a continué à décrire comment elle lui avait scotché le visage, les bras et les jambes. Lola est morte d'asphyxie.

Et puis, les détails cabalistiques : les chiffres "0" et "1" peints en rouge sous la plante de ses pieds. "Au bled, on fait ça avec les moutons", a-t-elle évacué.


Benkired a aussi constamment varié ses explications, parlant de "fantôme", de "djinn", comme pour chercher désespérément un prétexte irrationnel à son crime.


"Je n'ai jamais connu cela, en 15 ans de métier"

Docteure Karine Jean
Docteure Karine Jean

La brutalité de l'affaire et ces déclarations contradictoires ont mobilisé les experts. Quatre psychologues et psychiatres se sont présentés à la barre, et leurs conclusions sont peut-être plus effrayantes encore que les détails sordides.


La Docteure Karine Jean, experte psychiatre qui a rencontré Benkired à six reprises, a livré une conclusion qui a choqué l'audience:

"Nous n'avons pas relevé de troubles psychiques qui auraient altéré ou aboli son discernement."

Benkired n'est pas schizophrène. Pas paranoïaque. Pas traumatisée. À la place, la médecin a détecté chez elle "une haute tendance à la psychopathie". Lorsque la cour lui a demandé : "Aviez-vous déjà été confrontée à une femme tueuse d’enfants ?", l'experte a dû admettre : "Jamais."


La Dre Jean a décrit ses rencontres avec Benkired en détention comme un "souvenir épouvantable". Elle a fait face à une femme "très froide, très soutenue, dans une volonté de domination". Une femme qui tentait de prendre le dessus sur l'entretien.


La "noirceur" de Benkired a eu un tel impact que, lors d'une expertise, la Dre Jean elle-même s'est sentie mal. Un malaise l'a prise à la gorge. Sa pensée s'est retrouvée comme paralysée. "Je n'ai jamais connu cela, en 15 ans de métier," a confessé la docteure devant la cour. C'est l'aveu de l'impuissance de la science face à un mal pur, un mal capable de paralyser même ceux formés à le comprendre.

Pas une maladie, mais "un positionnement volontaire"

Le psychiatre Liova Yon, chargé d'une contre-expertise, s'est ensuite avancé. Il a expliqué qu'au départ, en découvrant les détails "cabalistiques" (comme les chiffres 0 et 1), lui et son confrère avaient cru à une maladie mentale.


Mais ils en sont totalement revenus. "Madame Benkired ne délire pas. Elle n’a pas d’activité hallucinatoire", a déclaré le Dr Yon. "Même si elle nous a emmenés sur ce terrain, en alléguant des propos tantôt mystiques, étranges... Tout cela n’a pas du tout emporté notre conviction." Les experts ont souligné "l'inconsistance de ses propos" et sa "tendance à se déresponsabiliser". Le Dr Yon a conclu avec force : "Cela ne relève pas d’une maladie, mais d’un positionnement volontaire."


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Ce déni de responsabilité s'est manifesté lorsque Benkired a tenté de rejeter la faute sur autrui. Alors que le médecin légiste a dénombré 38 coups de couteau, elle persiste à n'en avoir donné que "quelques-uns" post-mortem. Elle a même affirmé que c'était Rachid N., l'homme qui l'a véhiculée après le crime, qui était l'auteur de ces blessures. "Cette attribution externe de responsabilités est typique du sujet antisocial", a souligné le Dr Yon. "C’est pas moi, c’est l’autre."


Le procès a révélé une vérité terrifiante. La meurtrière de Lola n'est pas une folle, pas une victime de démons. C'est une psychopathe au sang-froid, pleinement consciente de ses actes. Elle a choisi l'enfant la plus faible pour servir de réceptacle à sa haine. Elle l'a torturée, violée et tuée avec un calcul méthodique.


Puis elle s'est assise là, devant la cour, tentant de tisser un filet de mensonges sur des sortilèges et des fantômes pour échapper à son crime.


Aujourd'hui, 24 octobre 2025, le verdict est attendu. La France retient son souffle, attendant que justice soit faite pour Lola. Mais même lorsque le marteau du juge tombera, l'horreur et l'indignation ne s'effaceront pas facilement.


"J’aimerais demander pardon à la famille" : lors de son procès pour le meurtre de Lola, les excuses de Dahbia Benkired
"J’aimerais demander pardon à la famille" : lors de son procès pour le meurtre de Lola, les excuses de Dahbia Benkired

Ce procès n'a pas seulement condamné un monstre. Il a forcé la société à regarder dans un abîme de cruauté, un abîme qui ne vient pas du surnaturel, mais du choix conscient d'un être humain. Et c'est peut-être cela, le plus terrifiant.

 
 
 

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