"Si j’étais président…" : Florent Pagny au cœur d’une polémique après ses propos élogieux sur Javier Milei
- Pierre Howard

- il y a 2 jours
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Florent Pagny traverse une période intense, à la fois sur le plan artistique et médiatique. À 64 ans, le chanteur emblématique de la scène française est actuellement en pleine promotion de son nouvel album "Grandeur nature", déjà écoulé à près de 90.000 exemplaires. Entre un numéro spécial de "Taratata", une apparition remarquée à la "Star Academy" et l’annonce d’une future tournée ambitieuse de 68 concerts, l’artiste semblait jusqu’ici unanimement salué pour sa résilience, son parcours et sa sincérité. Pourtant, une simple phrase prononcée sur le plateau de l’émission "Quotidien" a suffi à déclencher une vive controverse.
Invité par Yann Barthès pour évoquer son processus de création, sa bataille contre le cancer et ses projets à venir, Florent Pagny a également été interrogé sur un terrain plus politique. À la question, apparemment anodine, "Que feriez-vous si vous étiez président ?", le chanteur, qui partage sa vie entre la France et l’Argentine, a répondu sans détour : "Comme Milei". Une référence directe à Javier Milei, actuel président argentin, figure controversée de l’extrême droite et chantre d’une politique ultralibérale qui divise profondément son pays.

Surpris par cette réponse, Yann Barthès a immédiatement nuancé. "Il fait beaucoup de conneries aussi, Milei…", a-t-il lancé. Florent Pagny a alors développé sa pensée, reconnaissant certaines dérives tout en soulignant ce qu’il considère comme des résultats. "Il fait beaucoup de conneries, sauf qu’il a réussi à stabiliser un petit peu l’inflation. Et surtout, il a viré la moitié de ce qu’on appelle les ‘gnocchis’, ces employés publics qui venaient prendre le salaire mais ne venaient pas travailler." La séquence, captée en direct, a rapidement circulé sur les réseaux sociaux, au point d’être relayée par les comptes officiels de Javier Milei lui-même.
Mais loin de se limiter à un simple échange télévisé, ces propos ont suscité une vague de réactions critiques. Sur les réseaux sociaux comme sur les plateaux d’autres émissions, de nombreux observateurs ont dénoncé une prise de position jugée légère, voire irresponsable, de la part d’un artiste aussi populaire. Car si certains indicateurs économiques argentins ont effectivement évolué, le bilan du président Milei reste largement débattu.
Selon plusieurs économistes et analystes, la baisse de l’inflation et de la pauvreté s’est accompagnée d’une politique d’austérité extrêmement brutale. L’Argentine a traversé une récession marquée, avec la suppression de près de 230.000 emplois, une fragilisation accrue des classes moyennes et populaires, ainsi qu’une dépendance renforcée vis-à-vis de l’administration américaine de Donald Trump. À cela s’ajoutent des accusations récurrentes visant Javier Milei, allant du négationnisme à des soupçons de corruption, qui nourrissent un climat politique déjà très tendu.
C’est dans ce contexte que les propos de Florent Pagny ont été vivement attaqués sur le plateau de l’émission "Estelle Midi". Le journaliste Baptiste des Monstiers s’est montré particulièrement virulent à l’égard du chanteur. "Quand on a mis en place une politique d’exil fiscal comme Florent Pagny, on évite de donner des leçons sur la politique intérieure française", a-t-il lancé, provoquant un échange tendu avec l’animatrice Estelle Denis.
Le journaliste a ensuite rappelé la condamnation passée de Florent Pagny pour fraude fiscale, estimant que cette affaire affaiblissait sa légitimité à s’exprimer sur les questions économiques et sociales. "Il a le droit de s’exprimer, bien sûr, mais je n’ai aucune envie de la politique fiscale et sociale de Javier Milei en France", a-t-il poursuivi, tout en précisant qu’il n’avait "rien contre lui" sur le plan personnel.
Baptiste des Monstiers a également évoqué un point particulièrement sensible : la santé. "Il a eu un cancer, il s’est fait soigner, où ? En France. La politique de Milei sur la santé, ce n’est pas la fête quand tu as un cancer", a-t-il déclaré. Une remarque qui fait écho aux nombreuses manifestations organisées en Argentine ces derniers mois pour dénoncer la dégradation du système de santé publique, conséquence directe des importantes coupes budgétaires décidées par le gouvernement. Le coût des assurances de santé privées a, lui aussi, fortement augmenté, rendant l’accès aux soins de plus en plus difficile pour une partie de la population.
Le journaliste a conclu par une phrase qui a marqué les esprits : "Parfois, c’est bien de chanter. Mais parfois, quand on veut parler et se poser en intellectuel, on réfléchit deux minutes." Une critique sévère, mais qui illustre le malaise provoqué par l’intervention de Florent Pagny.
De son côté, le chanteur n’a pas encore réagi officiellement à l’ampleur de la polémique. Fidèle à son image d’artiste libre, souvent à contre-courant, Florent Pagny s’est toujours exprimé sans filtre, quitte à diviser. Cette nouvelle controverse pose toutefois une question plus large : jusqu’où les artistes peuvent-ils, ou doivent-ils, s’engager politiquement, et avec quelle responsabilité lorsqu’ils disposent d’une audience aussi large ?
Entre admiration pour certaines décisions économiques et silence sur leurs conséquences sociales, les propos de Florent Pagny continuent de faire débat. Et rappellent que, parfois, une phrase prononcée presque à la légère peut résonner bien au-delà d’un plateau de télévision.

















































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