Gemini lance des produits dérivés ainsi que le staking d’ETH et de SOL en Europe
- Cryptonin

- 5 sept.
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La plateforme d’échange de cryptomonnaies Gemini, fondée par les jumeaux Cameron et Tyler Winklevoss, poursuit son offensive sur le marché européen en dévoilant de nouvelles offres de staking et de produits dérivés. Les utilisateurs établis dans l’Espace économique européen peuvent désormais miser leur Ether et leur Solana tout en ayant accès à la négociation de contrats perpétuels libellés en USDC, le stablecoin émis par Circle. Cette évolution marque une étape supplémentaire dans la stratégie d’expansion de Gemini, quelques semaines seulement après avoir obtenu son feu vert réglementaire en vertu du règlement MiCA à Malte, et après avoir décroché en mai son autorisation dans le cadre de la directive MiFID II.

Pour Mark Jennings, directeur de Gemini en Europe, l’ambition est claire : il s’agit de s’imposer comme l’un des acteurs majeurs du continent. Selon lui, le fait de proposer, depuis une seule interface, un panel complet réunissant échange au comptant, staking et dérivés, positionne la plateforme comme un concurrent sérieux face aux mastodontes déjà installés.
L’accent mis sur les produits dérivés n’est pas anodin. Le marché du trading au comptant, c’est-à-dire l’achat et la vente immédiate de jetons aux prix en vigueur, montre des signes d’essoufflement. Alors même que le Bitcoin a vu son cours s’envoler en 2025, les volumes de transactions au comptant ont reculé de 32 % sur les deux premiers trimestres, pour atteindre à peine 3.600 milliards de dollars au deuxième trimestre. En comparaison, les volumes des produits dérivés se sont élevés à 20.200 milliards.
Autrement dit, le différentiel est considérable et illustre un déplacement progressif des investisseurs vers des instruments plus sophistiqués. Jennings souligne que le marché mondial des dérivés a littéralement explosé ces derniers mois et pourrait atteindre la barre des 23 000 milliards de dollars d’ici la fin de l’année. Pour lui, la montée en puissance de l’adoption crypto entraîne mécaniquement un besoin croissant de stratégies de couverture et de produits permettant de s’exposer de manière plus nuancée, qu’il s’agisse de prendre position à la hausse ou à la baisse.

Parallèlement à ce virage vers les produits dérivés, Gemini mise également sur l’engouement pour le staking, particulièrement vif en Europe depuis l’entrée en vigueur de MiCA à la fin de 2024. Cette nouvelle réglementation a contribué à un bond significatif des activités de staking institutionnelles dans l’Union européenne. Une étude de CoinLaw publiée en juin fait état d’une progression de 39 % en 2025 pour la participation européenne, contre seulement 22 % dans les juridictions non européennes. Plus précisément, les dépôts en staking d’Ethereum dans l’UE ont grimpé de 28 % sur un an, atteignant un montant total impressionnant de 90 milliards de dollars.
Cette dynamique ne surprend pas Jennings, qui voit dans le staking une pratique de plus en plus populaire, à la fois auprès des institutionnels et des investisseurs particuliers avertis. Selon lui, la possibilité de générer un revenu passif en mettant ses actifs numériques au travail à partir d’une plateforme centralisée, offrant des services intégrés et réputés fiables, séduit particulièrement une clientèle sophistiquée qui ne souhaite pas disperser ses fonds entre différentes solutions. Gemini entend ainsi occuper ce créneau en proposant un accès simplifié, mais réglementé, à des rendements attractifs.
Cette offensive européenne intervient dans un contexte stratégique plus large pour Gemini. La société a déposé il y a quelques jours son formulaire S-1 auprès des autorités américaines, première étape vers une introduction en Bourse très attendue. L’opération prévoit la vente de 16,67 millions d’actions à un prix compris entre 17 et 19 dollars, pour une levée maximale de 317 millions. Cette IPO, si elle se concrétise dans les conditions espérées, offrirait à l’entreprise non seulement de nouveaux moyens financiers pour accélérer son expansion, mais également une visibilité accrue vis-à-vis du grand public et des investisseurs institutionnels.

Ainsi, l’annonce des nouvelles offres en Europe résonne comme un double signal : d’une part, Gemini confirme son ambition d’occuper une place de choix sur un marché où la concurrence est rude, d’autre part, elle montre sa volonté de séduire les investisseurs en mettant en avant un modèle solide, diversifié et aligné avec les évolutions réglementaires. Dans un secteur en constante mutation, où l’innovation technologique doit composer avec les exigences de transparence et de conformité, Gemini parie sur la complémentarité entre produits dérivés, staking et échanges classiques pour consolider sa légitimité.
Si les chiffres actuels donnent déjà la mesure d’un engouement certain, reste à savoir si cette stratégie permettra à Gemini de s’ancrer durablement comme référence européenne. Mais pour l’instant, la société semble avoir trouvé le bon tempo, entre prudence réglementaire et audace commerciale, à un moment charnière où les investisseurs redéfinissent leurs pratiques et leurs attentes vis-à-vis des plateformes d’échange.


































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