Les profits se transforment en Bitcoin : 22 % des gains des entreprises recyclés, révèle River
- Auriane Laurent

- 4 sept.
- 3 min de lecture
En 2025, une nouvelle dynamique se dessine discrètement dans l’économie américaine : les entreprises privées recyclent désormais une partie significative de leurs bénéfices en Bitcoin. Selon la société de services financiers River, leurs clients consacrent en moyenne 22 % de leurs profits à l’achat de la première cryptomonnaie, un signe fort d’adoption qui dépasse largement l’effet de mode.

Les chiffres révèlent que c’est le secteur de l’immobilier qui se montre le plus audacieux : près de 15 % des sociétés concernées convertissent leurs gains en Bitcoin. Viennent ensuite l’hôtellerie, la finance et le logiciel, qui se situent dans une fourchette de 8 à 10 %. Loin des grandes multinationales, des acteurs beaucoup plus inattendus participent eux aussi à ce mouvement : salles de sport, entreprises de peinture, de toiture, voire associations religieuses.
En cumulé, ces entreprises ont déjà acquis environ 84 000 bitcoins en 2025, soit l’équivalent d’un quart de ce que détiennent les gestionnaires de fonds institutionnels et les trésoreries d’entreprises cotées. Pour Sam Baker, analyste chez River, on a trop longtemps focalisé l’attention sur les géants qui font du Bitcoin une ligne officielle de leur bilan. L’adoption la plus fascinante se joue en réalité dans les sociétés classiques, qui intègrent progressivement le BTC à leurs modèles économiques. Les conditions actuelles — des règles comptables plus claires, un cadre réglementaire stabilisé, une acceptation croissante dans les milieux financiers et surtout un marché haussier solide — constituent selon lui le terreau idéal de cette mutation.
Cette vague d’achats n’est pas étrangère à la flambée du Bitcoin, dont le cours a atteint 124 450 dollars au cours de ce cycle. À certains moments, les émetteurs de fonds négociés en Bourse (ETF) sur le Bitcoin au comptant ont absorbé jusqu’à dix fois la production quotidienne des mineurs, accentuant la pression à la hausse. Une situation qui tranche radicalement avec le rallye de 2020–2021, quand le Bitcoin avait culminé à 69 000 dollars, essentiellement porté par l’enthousiasme des particuliers, tandis que la majorité des entreprises restaient à l’écart.

La tendance actuelle met surtout en lumière les petites structures. Trois quarts des clients de River comptent moins de 50 employés, et cette taille réduite leur permet d’adopter plus vite le Bitcoin, sans passer par des comités de décision interminables. À l’inverse, les grandes sociétés, notamment celles du S&P 500, se montrent frileuses : leurs dirigeants peuvent être convaincus en privé, mais n’oseront pas défendre l’idée tant que leurs pairs n’ont pas franchi le pas.
Il convient aussi de relativiser l’ampleur des investissements. Plus de 40 % des entreprises n’allouent que 1 à 10 % de leurs bénéfices au Bitcoin, et seulement 10 % choisissent d’y investir plus de la moitié de leur revenu net. Les montants engagés sont parfois dérisoires : la semaine dernière, l’entreprise Western Main Self Storage, basée à Rhode Island, a acheté tout juste 0,088 bitcoin, soit 9 830 dollars, portant son total à 0,43 BTC.

Malgré cette adoption croissante, l’écrasante majorité des entreprises n’a pas encore sauté le pas. La raison n’est pas tant un rejet qu’un manque de compréhension. Un sondage de l’Université Cornell montre que seuls 6 % des Américains savent que l’offre de Bitcoin est plafonnée à 21 millions d’unités. Dans une autre enquête, 60 % des répondants admettent « ne pas bien connaître » la cryptomonnaie. Pour Sam Baker, ce constat est éloquent : bien souvent, le Bitcoin n’est pas écarté après évaluation, mais tout simplement ignoré faute de connaissances suffisantes pour l’évaluer.


































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