Chantal Ladesou ouvre les portes de son improbable maison “taillée dans le roc” à Ramatuelle, “C’est mon côté castor”
- Auriane Laurent

- il y a 2 jours
- 4 min de lecture
Sous le ciel bleu de la Méditerranée, entre les effluves de lavande et de romarin, la maison de Chantal Ladesou à Ramatuelle – un petit village à quelques minutes de Saint-Tropez – n’est pas seulement un lieu de résidence, mais un véritable refuge, un univers à son image : élégant, éclatant et plein de vie.
À 75 ans, l’humoriste légendaire de la scène et du cinéma français garde le même regard espiègle, le même sourire franc et cette voix rauque inimitable – tout semble gravé dans les murs de cette maison qu’elle appelle “l’endroit où le cœur se repose”.

Sa villa se cache derrière de vieux oliviers. Les murs peints d’un jaune pâle accueillent la lumière du Sud, les tuiles rouges scintillent au soleil, et les volets bleu azur ajoutent une touche typiquement méditerranéenne. Un tableau vivant de la Provence éternelle. Sur la terrasse, une treille de vigne jette son ombre sur une table en bois brut. Là, Chantal aime s’asseoir avec son mari Michel Ansault, un verre de rosé de Bandol à la main, pour regarder le soleil disparaître au-dessus de la baie de Pampelonne.
À l’intérieur, la décoration reflète parfaitement sa personnalité : spontanée, généreuse, sans artifices. Des tableaux contemporains côtoient des photos de famille ; les étagères débordent de scénarios, de romans et de souvenirs de tournées. Dans le salon, le vieux piano de leur fille Clémence trône à côté d’un grand canapé blanc, là où Chantal répète souvent ses répliques, entre deux éclats de rire.
Une amie proche confie :
“La maison de Chantal n’a pas besoin de décorateur d’intérieur – elle est son propre portrait : chaleureuse, animée et profondément humaine.”
Depuis la fenêtre de sa chambre à l’étage, la mer se devine à l’horizon, au-dessus des toits rouges de Ramatuelle. Chaque matin, elle descend à pied au café du village, où les habitants la saluent simplement, non comme une star, mais comme une voisine qu’on aime bien.

Même si elle chérit sa tranquillité provençale, Chantal Ladesou appartient toujours à Paris. Elle y passe la majorité de l’année, dans un appartement de l’ouest parisien, à deux pas des théâtres où elle a bâti sa légende.Dans une interview accordée au Parisien Week-end, elle confiait :
“Paris est une ville magnifique. J’aime m’y promener, voir mes amis jouer, visiter un musée et déjeuner sur place. L’ambiance des restaurants de musées est toujours unique.”
Sa vie est une alternance entre le tumulte et le silence, les projecteurs et le soleil du Midi. “À Paris, je travaille, je brûle d’énergie. À Ramatuelle, je respire”, dit-elle simplement.
Née en 1948 à Roubaix, Chantal rêvait au départ de tragédies classiques. Mais son timbre grave et son sens du comique inné l’ont guidée vers le royaume du rire. Des Grosses Têtes aux émissions les plus populaires de la télévision, elle a conquis le public par son humour spontané, décalé, et profondément bienveillant.
En plus de cinquante ans de carrière, elle a joué dans des dizaines de pièces, de films et d’émissions. Ce que les Français aiment chez elle, c’est moins la comédienne que la femme authentique, drôle et tendre.
En 2023, elle a marqué les esprits avec son rôle dans la pièce 1983, et s’est illustrée dans plusieurs événements culturels à Cannes, Deauville et Saint-Tropez, souvent invitée d’honneur par Saint Laurent ou Jean-Paul Gaultier. Au milieu des jeunes mannequins et des célébrités, elle rayonne simplement, dans une robe orange éclatante, avec ce sourire franc et ces yeux malicieux.


Si sa carrière est un feu d’artifice, son histoire avec Michel Ansault en est la mélodie douce et constante.Ils se rencontrent dans les années 1970, alors qu’elle travaille chez Rank Xerox pour financer ses cours de théâtre, et lui est responsable d’équipe.
“Je l’ai aimé parce qu’il me faisait rire”, confiait-elle dans 50’ Inside sur TF1. “Et il y parvient encore aujourd’hui.”
Leur histoire a connu des épreuves. En 1996, ils perdent tragiquement leur fils aîné Alix dans un accident de voiture – une douleur indicible. Mais l’amour, et surtout l’humour, les ont sauvés.“Rire, ce n’est pas oublier. C’est affirmer qu’on est encore vivant”, disait-elle.
Leurs deux autres enfants, Julien (réalisateur) et Clémence (actrice), partagent cette fibre artistique et cette énergie communicative. Chaque été, la famille se réunit à Ramatuelle :
“Je cuisine, Michel fait griller le poisson, les enfants mettent de la musique. Parfois je ressors mes vieilles blagues, et ils rient encore comme la première fois. Pour moi, c’est ça, le bonheur.”

Depuis qu’elle possède cette maison, Chantal Ladesou fait partie de l’été tropézien.Elle adore les marchés provençaux, les cafés du port et les soirées en bateau entre amis. En 2023, lors de la fête estivale de Saint Laurent sur le port de Saint-Tropez, elle est apparue radieuse, un verre de champagne à la main, au bras de son mari.Une photo d’eux, pleine de tendresse et de complicité, prise avec Stefania Cristian, compagne du comédien Samuel Le Bihan, a fait le tour des réseaux sociaux. Pas pour le luxe, mais pour la sincérité d’un amour de cinquante ans.
Quand on lui demande son secret, elle rit :
“Trois choses : l’amitié, le respect, et un grain de folie. On a les trois.”

Le matin à Ramatuelle, Chantal marche pieds nus dans son jardin, arrose les lavandes, salue les voisins, puis s’installe à sa table d’écriture. Elle dit que les meilleures idées lui viennent quand elle entend la mer et sent l’odeur du pain chaud.
Même après tant de succès, la retraite ne la tente pas.
“J’ai encore tant de choses à dire, et tant de gens à faire rire. Tant que je tiendrai debout sur scène, je continuerai.”
Cette maison tournée vers la mer, entourée de lavandes violettes, n’est pas qu’un lieu de repos – c’est le prolongement de son âme : lumineuse, joyeuse et habitée par les souvenirs.
Après plus d’un demi-siècle de carrière, Chantal Ladesou n’est pas seulement la “reine de l’humour” en France – elle est un symbole d’énergie, de courage et de bonheur. Dans un monde artistique parfois bruyant ou superficiel, elle demeure fidèle à elle-même : drôle, simple et vraie.
À chaque départ pour Paris, elle emporte quelques brins de lavande séchée qu’elle pose sur son bureau.
“Quand j’écris, leur parfum me rappelle que le bonheur existe vraiment,” sourit-elle.
Sous le soleil doré du Sud, le rire de Chantal Ladesou continue de flotter dans l’air – aussi naturel que le vent marin. Et peut-être est-ce là son plus grand secret : faire sentir à chacun, le temps d’un sourire, que la vie est plus légère qu’on ne le croit.



































Commentaires