Rafael Nadal :"Alcaraz est plus imprévisible que Sinner"

À la veille de la finale de l’US Open 2025, Rafael Nadal a livré une analyse passionnée de ses deux jeunes successeurs annoncés, Carlos Alcaraz et Jannik Sinner. Dans un entretien accordé le 6 septembre au média The Athletic, le détenteur de 22 titres du Grand Chelem a rappelé à quel point leur duel à Roland-Garros avait été « super émotionnel », l’un des matchs « les plus incroyables de tous les temps », et prédit que les deux joueurs n’ont pas encore atteint leur apogée.

Sur le plan technique, Nadal ne cache pas son admiration pour la puissance de Sinner. « Son coup droit est d’une intensité incroyable, il prend la balle très tôt et passe de la défense à l’attaque à une vitesse hallucinante », a confié l’Espagnol. Mais lorsqu’il s’agit d’imprévisibilité, son regard se tourne vers son compatriote. « Alcaraz a cette capacité à inventer des coups que parfois Sinner ne peut pas produire. Il apporte une variété et une créativité rares. Bien sûr, cela s’accompagne de davantage de fautes directes, et c’est là que réside son défi : trouver le juste équilibre. »

Ce portrait d’Alcaraz fait écho au surnom que beaucoup de médias et de fans lui donnent depuis ses débuts : « le petit Nadal ». Comme son illustre aîné, il allie une combativité sans faille, une puissance physique hors norme et une maturité impressionnante malgré son jeune âge.

Leur origine commune, l’Espagne, ainsi que leur capacité à galvaniser le public par leur intensité émotionnelle, renforcent encore cette filiation symbolique. Pourtant, là où Nadal a bâti sa légende sur une régularité de métronome et une rigueur tactique impitoyable, Alcaraz séduit par sa folie créatrice et son goût du risque. « Je me surprends souvent à rire devant la télévision en le voyant tenter des coups insensés dans des moments critiques », avoue Nadal. « Il possède toutes les armes pour jouer en sécurité, mais préfère oser. C’est dans sa nature. »

L’Espagnol conclut néanmoins que son jeune compatriote doit affiner sa stratégie : « Il n’a pas besoin de multiplier les coups spectaculaires dans un même match. Un peu plus de patience et de gestion des temps forts le rendraient encore plus redoutable. »

Quant à la rivalité Alcaraz–Sinner, elle s’affirme comme l’axe central du tennis mondial actuel. Les deux hommes se retrouvent pour une troisième finale de Grand Chelem consécutive cette saison. Alcaraz mène 9 victoires à 5 dans leurs confrontations directes, mais la plupart des rencontres se sont jouées au bout du suspense. À Roland-Garros, l’Espagnol avait sauvé trois balles de match avant de renverser l’Italien. Quelques semaines plus tard, à Wimbledon, c’est Sinner qui avait pris sa revanche en exploitant son jeu de fond de court chirurgical.

Pour Nadal, ce duel dépasse la simple rivalité sportive. « Ils apportent des émotions immenses à chaque match. En tant que spectateur, c’est un privilège. À Roland-Garros, Sinner a peut-être commis l’erreur de ralentir son jeu au moment crucial. Mais ils sont encore très jeunes, et ce sont précisément ces batailles qui les feront grandir. »

L’ancien numéro un mondial reconnaît aussi l’écart actuel entre le duo et le reste du circuit : « Pour l’instant, il y a une vraie distance entre eux et les autres. Mais je garde l’espoir que de nouveaux visages émergent, car c’est essentiel pour la richesse du tennis. »

La finale entre Carlos Alcaraz et Jannik Sinner aura lieu dans la nuit de dimanche à lundi, à 1h du matin, heure de Hanoï (20h locales à New York, dimanche 7 septembre). Une rencontre qui ne déterminera pas seulement le champion de l’US Open 2025, mais aussi le numéro un mondial, un trône que Sinner occupe depuis déjà 65 semaines consécutives.