Sept ans après sa mort, la maison de Pierre Bellemare en Dordogne reste un havre de paix où nature et savoir se confondent, un lieu fascinant que l’on rêve de découvrir
- Auriane Laurent

- 21 oct.
- 4 min de lecture
Le 26 mai 2018, Pierre Bellemare – animateur, écrivain et figure éternelle de la télévision française – s’est éteint à l’hôpital Foch, à Suresnes (Hauts-de-Seine), à l’âge de 88 ans. Parallèlement à sa vie trépidante en région parisienne, il avait trouvé un véritable refuge en Dordogne – une maison baignée de lumière et entourée de forêts, qu’il considérait comme son paradis personnel.

Après de longues années passées à naviguer, Pierre Bellemare ne souhaitait plus qu’une chose : retrouver la terre ferme. « Pendant quarante ans, nous avons vécu des étés merveilleux en Méditerranée, sur un voilier de 17 mètres. Mais l’arrivée des nouveaux riches a peu à peu détruit les codes de courtoisie qui régnaient jadis dans le milieu maritime. Alors nous avons commencé à rêver d’un endroit plus calme », confiait-il à Sud Ouest en 2013.
Sur les conseils d’amis, lui et son épouse, Roselyne, ont posé leurs valises en Périgord. Il y a une vingtaine d’années, l’animateur légendaire devint propriétaire d’une charmante maison près de Montpazier, nichée dans le décor sauvage et préservé de la Dordogne.
Située en lisière d’un bois, la demeure offrait à Bellemare la sérénité qu’il recherchait. « La forêt, c’est comme la mer : elle a son silence, ses sons propres. Et, comme sur un bateau, on peut s’y aventurer sans suivre de sentier. C’est une sensation de liberté absolue », disait-il.

Cette maison de pierre sèche, restaurée de ses mains, mêlait avec goût tradition et modernité. Elle ouvrait sur une forêt de cinquante hectares – un véritable paradis pour un amoureux de la nature et des longues promenades. Le couple vivait entouré d’animaux : « plus de trente chèvres, quatre ânes et six paons », racontait-il au Parisien en 2011.

À l’intérieur, chaque recoin reflétait les passions multiples de Pierre Bellemare. Il y avait une “galerie d’objets”, dédiée à sa collection d’art populaire : des outils et ustensiles anciens, patiemment dénichés dans les brocantes et marchés du Périgord.
« La plupart ont une fonction évidente, mais certains restent mystérieux, comme ces deux cuillères reliées par une chaîne, taillées dans un même morceau de bois », expliquait-il, fasciné. Pour lui, la valeur d’un objet ne résidait pas dans son prix, mais dans l’histoire qu’il racontait.
En entrant dans cette maison, on ressentait une atmosphère rare : calme sans isolement, confort sans ostentation. Au lieu des bruits de la ville, on y entendait le bruissement des feuilles, le chant des oiseaux, ou peut-être, dans le silence, l’écho des vagues que l’ancien marin portait encore en mémoire.
La lumière y jouait un rôle essentiel. Au printemps et en été, elle filtrait à travers les arbres, dessinant sur les murs de pierre et le parquet des ombres mouvantes. En automne, le décor se parait d’or et d’ocre, propice à la méditation. L’hiver, le ciel plus clair, le froid sec et la pureté de l’air remplaçaient la grisaille parisienne.

L’espace extérieur, immense et boisé, permettait les promenades, les soins aux animaux ou de simples moments d’observation. Ce n’était pas une villa luxueuse, mais une sorte de “ferme poétique” où la nature s’invitait partout, jusque dans le rythme de vie du couple.
Vivre en Dordogne, c’était aussi choisir un environnement sain. Le climat tempéré du Périgord, influencé à la fois par l’Atlantique et le continent, offrait des saisons équilibrées : des étés chauds mais supportables, des nuits fraîches, des automnes flamboyants, des hivers parfois brumeux mais paisibles, et des printemps lumineux où tout renaissait.
Pour Bellemare, cette harmonie naturelle avait une portée symbolique. Lui qui avait passé sa vie au cœur du tumulte médiatique retrouvait ici un tempo différent, une forme d’ancrage. La forêt jouait pour lui le rôle que la mer avait autrefois tenu : un espace infini où l’esprit pouvait voguer librement.


Cette demeure n’était pas un simple lieu de retraite. Bellemare y avait aménagé une véritable “maison d’esprit” : une bibliothèque immense, des étagères remplies de livres, de maquettes de bateaux, de photos et de souvenirs familiaux. Tout y respirait la curiosité, la mémoire et la narration – les trois piliers de sa vie professionnelle.
Il continuait à écrire, à inventer, à raconter. Même à plus de 80 ans, il affirmait : « Je ne passe plus que deux jours à Paris au début de la semaine, et dès le mercredi, je reprends l’avion pour Agen. » Cette alternance entre la ville et la campagne reflétait parfaitement sa personnalité : un homme de communication qui avait su rester proche du réel.


Né en 1929, Pierre Bellemare avait commencé à travailler dès l’âge de 17 ans. Animateur, producteur, conteur, auteur, il avait marqué plusieurs générations par sa voix et son style inimitable. Ses émissions radiophoniques, ses livres d’enquêtes, ses expériences dans le télé-achat ou la télévision grand public ont fait de lui une figure populaire au sens noble du terme.
Il s’est éteint le 26 mai 2018, à l’âge de 88 ans, à l’EHPAD La Madeleine, laissant derrière lui un héritage immense. Sa maison du Périgord reste le symbole de cette dernière étape de vie : un lieu d’équilibre entre repos et création, entre silence et parole.
En somme, cette demeure en Dordogne représente bien plus qu’un simple abri. Elle incarne la trajectoire d’un homme qui, après avoir traversé la mer et les écrans, a choisi de s’ancrer dans la terre et la lumière. Là, entouré d’arbres, d’animaux et de livres,
Pierre Bellemare a trouvé ce que tant de conteurs cherchent toute leur vie : un lieu où les histoires cessent d’être racontées… parce qu’elles deviennent réalité.


































Commentaires