Ukraine-France : 5 questions sur un match pas comme les autres
- Pierre Howard

- 5 sept.
- 3 min de lecture
Les Bleus s’apprêtent à lancer leur campagne de qualification pour la Coupe du monde 2026 par un déplacement particulier face à l’Ukraine. Une rencontre qui ne ressemble pas à une autre, tant le contexte sportif et extra-sportif pèse sur ce rendez-vous. Cinq questions pour mieux comprendre les enjeux.
1. Quel est l’enjeu de ce premier match ?
Pour Didier Deschamps et ses joueurs, l’objectif est limpide : bien commencer. La France, troisième de la dernière Ligue des nations après avoir battu l’Allemagne (2-0) et chuté de peu contre l’Espagne (5-4) dans un match spectaculaire, veut transformer cet élan en dynamique positive.
Entrer par une victoire contre l’Ukraine serait une manière idéale de lancer la campagne qualificative, surtout face à l’adversaire le plus solide du groupe. Derrière, le calendrier propose la réception de l’Islande au Parc des Princes, puis un duel à Paris contre l’Azerbaïdjan en novembre. Autant dire que réussir le coup d’envoi permettrait d’aborder ces rendez-vous avec sérénité.

Didier Deschamps le sait mieux que personne : dans une poule où les Bleus sont favoris, le piège serait de se compliquer la vie dès le départ. Une victoire vendredi soir poserait les bases d’un parcours maîtrisé vers le Mondial 2026 (11 juin – 19 juillet).
2. Pourquoi ce match se joue-t-il en Pologne ?
La réponse tient à l’actualité géopolitique. Depuis l’invasion russe en février 2022, l’Ukraine n’a plus disputé de rencontre officielle à domicile. Son dernier match sur ses terres remonte à novembre 2021 face à la Bulgarie.
La Pologne s’est imposée comme terre d’accueil, et Wrocław a été choisie pour ce duel de prestige. La ville dispose non seulement d’infrastructures modernes, mais aussi d’une forte communauté ukrainienne, capable de transformer le stade en un bastion jaune et bleu.
Depuis trois ans, l’équipe ukrainienne a joué pas moins de sept rencontres “à domicile” en Pologne, mais aussi en République tchèque, en Slovaquie, en Espagne ou en Allemagne. Chaque fois, les tribunes se garnissent de drapeaux et de chants patriotiques, signe que ce peuple continue à exister par le football. Le sélectionneur Serhiy Rebrov l’a résumé d’une phrase : “Quand mes joueurs tiennent le drapeau, ils représentent beaucoup plus qu’une équipe.”

3. Dans quel état d’esprit l’Ukraine aborde-t-elle cette rencontre ?
La conférence de presse de jeudi soir a donné le ton : un mélange de détermination et de gravité. Rebrov, accompagné du défenseur Illya Zabarnyi – nouvelle recrue du PSG – a insisté sur la force mentale de son groupe.
“Notre guerre dure depuis trois ans. Nous voyageons, nous jouons partout en Europe, mais nous gardons le même objectif : représenter notre pays du mieux possible.”
Les 43 000 spectateurs attendus à la Tarczyński Arena formeront une marée jaune et bleue, prête à pousser ses héros. Pour les joueurs, battre la France serait plus qu’un succès sportif : un symbole de résilience, une manière de montrer que malgré l’exil, l’Ukraine reste debout.

4. Quelle équipe Didier Deschamps va-t-il aligner ?
Le sélectionneur français doit composer avec l’absence d’Ousmane Dembélé, touché aux ischio-jambiers après un début de saison tonitruant avec le PSG. Pour remplacer le candidat au Ballon d’or, Didier Deschamps mise sur la jeunesse : Désiré Doué devrait débuter sur le côté droit.
Le schéma attendu est un 4-2-3-1 avec Kylian Mbappé en pointe, épaulé par Michael Olise et Bradley Barcola sur les ailes. Au milieu, le duo Tchouaméni – Koné est pressenti, tandis qu’Adrien Rabiot, en manque de rythme depuis la mi-août, devrait débuter sur le banc.
En défense, la stabilité prime : Koundé, Konaté, Upamecano et Digne protégeront Mike Maignan dans les buts.
Le onze probable :
Maignan – Koundé, Konaté, Upamecano, Digne – Koné, Tchouaméni – Doué, Olise, Barcola – Mbappé (capitaine).
Un mélange de cadres confirmés et de jeunes talents, pensé pour assurer sérieux défensif et explosivité offensive.

5. Pourquoi l’Ukraine évoque-t-elle des souvenirs particuliers aux Bleus ?
Dans l’histoire des confrontations entre les deux pays, un souvenir domine : la soirée du 19 novembre 2013. Quatre jours plus tôt, la France s’était inclinée 2-0 à Kiev en barrage aller pour la Coupe du monde 2014. Les critiques pleuvaient, l’élimination semblait inévitable.
Puis vint le miracle du Stade de France : menés par un Karim Benzema étincelant et un Mamadou Sakho héros improbable, les Bleus renversèrent l’Ukraine 3-0. Ce match, devenu légendaire, permit à Didier Deschamps de poursuivre son mandat et à l’équipe de France de s’envoler pour le Brésil.
Depuis, les Bleus n’ont jamais oublié ce parfum d’épopée. Face à l’Ukraine, la prudence est de mise : l’histoire rappelle que tout peut arriver.



































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