“Bravo !” : quand la publicité Intermarché séduit jusqu’à Michel-Édouard Leclerc et fait dialoguer la concurrence
- Pierre Howard

- il y a 4 jours
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Dernière mise à jour : il y a 2 jours
Depuis sa première diffusion le samedi 6 décembre 2025, la nouvelle publicité d’Intermarché n’en finit plus de susciter l’émotion et l’adhésion. Sur les réseaux sociaux comme dans les conversations du quotidien, ce court-métrage d’animation de deux minutes trente, centré sur un loup solitaire en quête d’amitié, a rapidement dépassé le simple cadre promotionnel pour devenir un véritable phénomène culturel. À tel point que même la concurrence, pourtant directe, n’a pas résisté à l’envie de saluer publiquement cette réussite. Parmi les réactions les plus remarquées figure celle de Michel-Édouard Leclerc, patron du groupe éponyme, qui a tenu à féliciter ses “collègues et néanmoins concurrents” dans une publication largement relayée.
L’histoire racontée par Intermarché est d’une simplicité désarmante. Un loup, figure traditionnellement associée à la peur et au danger, se retrouve exclu des festivités de Noël. Les autres animaux de la forêt, prisonniers de leurs préjugés, le fuient par crainte d’être dévorés. Condamné à la solitude, le loup observe de loin les moments de partage auxquels il n’a pas accès. Jusqu’au jour où, mû par un profond désir de lien et de reconnaissance, il décide de changer. Il apprend à cuisiner des légumes, découvre une autre manière de se nourrir, et surtout une autre façon d’entrer en relation avec les autres. Peu à peu, la méfiance s’efface, la curiosité s’installe, et le loup finit par être invité à partager un banquet collectif, symbole d’acceptation et de convivialité retrouvée.

Cette fable moderne, portée par une animation soignée et une narration tout en douceur, a touché un large public. Beaucoup y ont vu une joyeuse allégorie de Noël, d’autres une réflexion sur les préjugés, l’exclusion et la possibilité du changement. Certains encore ont salué le message autour d’une alimentation plus végétale, en phase avec les préoccupations actuelles liées à la santé et à l’environnement. Autant de lectures possibles qui expliquent sans doute l’ampleur du succès rencontré.
Parmi les réactions enthousiastes, celle de Michel-Édouard Leclerc a particulièrement attiré l’attention. Vendredi 12 décembre 2025, le dirigeant du groupe Leclerc a publié un message sur plusieurs de ses réseaux sociaux pour féliciter ouvertement les équipes de communication d’Intermarché. “Bravo aux équipes de com d’Intermarché”, a-t-il écrit, saluant sans détour le travail de ses “collègues et néanmoins concurrents”. Il dit avoir été séduit par cette “joyeuse allégorie de Noël”, qu’il décrit comme une “fable sur les préjugés” et un “magnifique plaidoyer pour manger mieux”.
Dans un secteur où la rivalité est souvent féroce, cette reconnaissance publique a surpris autant qu’elle a été appréciée. Mais fidèle à son style, Michel-Édouard Leclerc ne s’est pas contenté d’un simple compliment. Il a profité de cette prise de parole pour interpeller, non sans une pointe d’ironie, Thierry Cotillard, président du groupement Mousquetaires et figure de proue d’Intermarché. Dans un ton à la fois taquin et légèrement provocateur, il l’a invité à suivre lui-même les conseils suggérés par la publicité.

“Ratatouille, régime purée et bouillons”, a-t-il écrit avec humour, imaginant ce que pourrait représenter une alimentation plus végétale pour son homologue, décrit comme un “compagnon de table” de fins gourmets. Une manière de souligner le contraste entre le message de la campagne et les habitudes supposées de certains dirigeants de la grande distribution. Michel-Édouard Leclerc est même allé plus loin en encourageant Thierry Cotillard à adopter un régime flexitarien et en l’invitant symboliquement “au restaurant végétarien de [son] choix”, afin d’“être au diapason de sa fable”.
Derrière cette joute verbale élégante et souriante, beaucoup ont vu une preuve supplémentaire de la force du message porté par la publicité d’Intermarché. Réussir à déclencher un échange public entre deux grands patrons concurrents, sur fond de réflexion sociétale et alimentaire, est en soi un signe de l’impact de la campagne. La publicité ne se contente plus de vendre des produits, elle raconte une histoire, propose une vision, et invite à se positionner.
En choisissant un loup comme personnage central, Intermarché a pris le parti de détourner les codes classiques pour mieux surprendre. Le prédateur devient vulnérable, l’exclu cherche à s’intégrer, et le changement passe par un geste simple mais symbolique : revoir son alimentation pour mieux vivre ensemble. Sans jamais être moralisatrice, la fable ouvre un espace de réflexion accessible à tous, petits et grands.
Le succès viral de la vidéo tient aussi à cette capacité à toucher l’émotion sans forcer le trait. Les images, la musique, le rythme du récit créent une atmosphère chaleureuse qui résonne particulièrement en période de fêtes. Et lorsque même un concurrent direct prend la parole pour applaudir, cela confirme que la campagne a atteint quelque chose de plus large que son objectif commercial initial.
Au final, cette publicité d’Intermarché aura réussi un tour de force rare : fédérer bien au-delà de son public habituel, provoquer le débat avec bienveillance, et rappeler que la communication peut encore raconter des histoires qui rassemblent. Un loup, des légumes, un banquet partagé… et une concurrence qui, le temps d’un message, s’accorde pour dire “bravo”.

















































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