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Le loup "mal-aimé" de la pub et le jeu vidéo "Clair Obscur" y sont nés : la recette du succès made in Montpellier

  • Photo du rédacteur: Pierre Howard
    Pierre Howard
  • il y a 5 jours
  • 4 min de lecture

À Montpellier, certaines réussites naissent dans une relative discrétion avant de s’imposer soudainement sur la scène mondiale. Ces dernières semaines, la ville du sud de la France a vu émerger deux succès spectaculaires, portés par des studios indépendants, passionnés et audacieux. D’un côté, un loup tendre et maladroit, héros inattendu de la publicité de Noël d’Intermarché, visionnée et partagée aux quatre coins du globe. De l’autre, un jeu vidéo au souffle artistique puissant, « Clair Obscur : Expédition 33 », sacré à Los Angeles lors des Game Awards. Deux histoires différentes, mais une même origine : Montpellier, son écosystème créatif et une vision du travail fondée sur le temps, l’humain et l’exigence artistique.



"On s’attendait à ce que ça fasse un peu de bruit. Mais à ce point… personne ne l’avait vu venir." La phrase résume encore aujourd’hui l’état d’esprit de Théophile Dufresne, cofondateur d’Illogic Studios. Depuis la diffusion du film d’animation conçu pour Intermarché, lors de la soirée Miss France, son équipe vit une expérience hors norme. Leur loup, longtemps rejeté par les autres animaux de la forêt en raison de sa nature carnivore, découvre peu à peu les fruits, les légumes et la cuisine, jusqu’à trouver sa place autour d’une table de Noël partagée. Le tout porté par la chanson "Le Mal aimé" de Claude François, qui donne à cette fable une résonance émotionnelle inattendue.


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Ce conte de Noël, pensé comme un récit plus que comme une simple publicité, s’inscrit dans la stratégie d’Intermarché développée depuis plusieurs années : raconter des histoires capables de créer un lien émotionnel durable. Pour Illogic Studios, ce projet a représenté six mois de travail intense, mobilisant près de 70 artistes, tous animés par une même volonté : produire une œuvre artisanale, réalisée à la main, sans recours à l’intelligence artificielle. Installé en plein centre-ville de Montpellier, le studio a soudainement vu son nom circuler bien au-delà des cercles professionnels habituels, devenant un symbole d’un savoir-faire français apprécié dans le monde entier.



Presque au même moment, un autre studio montpelliérain vivait une consécration tout aussi spectaculaire. À Los Angeles, lors des Game Awards, souvent comparés aux Oscars du cinéma pour l’industrie vidéoludique, « Clair Obscur : Expédition 33 » a raflé neuf récompenses sur onze. Une performance exceptionnelle pour un premier jeu, développée par Sandfall Interactive, une structure indépendante composée d’une trentaine de passionnés. Sur la scène du Peacock Theater, son directeur Guillaume Broche, béret rouge et marinière en clin d’œil à l’univers Belle Époque du jeu, ne cachait pas son émotion. "Merci pour tout, vous avez changé la vie de notre studio, c’est merveilleux !", lançait-il devant un public conquis.


Ce succès n’est pas seulement critique. Depuis sa sortie, le jeu s’est vendu à plus de cinq millions d’exemplaires à travers le monde. Cinq années de travail acharné ont été nécessaires pour donner naissance à cet univers singulier, développé dans une grande maison de ville transformée en studio de création. Là encore, le choix de Montpellier n’est pas anodin. La ville offre un cadre propice à la concentration, à la collaboration et à l’audace créative.



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Car si ces réussites impressionnent, elles ne doivent rien au hasard. Depuis l’ouverture d’un studio Ubisoft à Montpellier en 1994, pour le développement du mythique jeu « Rayman », la métropole s’est progressivement imposée comme une terre fertile pour les industries culturelles et créatives. Animation, cinéma, effets spéciaux, jeux vidéo : tout un écosystème s’est structuré au fil des décennies. Aujourd’hui, ces secteurs représentent environ 3 500 équivalents temps plein, soutenus par une politique volontariste de la Métropole de Montpellier et de la Région Occitanie.



"Nous sommes une des villes les plus attractives de France dans ce domaine, avec un écosystème solide", souligne Dominique Peyronnet, directrice de l’école ArtFx, spécialisée dans l’animation et les effets spéciaux. Selon elle, Montpellier dispose de tous les maillons nécessaires pour produire des œuvres de A à Z : studios, infrastructures techniques, talents formés sur place. Le secteur du jeu vidéo emploierait à lui seul entre 1 300 et 1 500 personnes, réparties dans une quinzaine de studios. À côté des grands noms, ce sont surtout les structures indépendantes qui osent proposer des projets singuliers et qualitatifs.



Beaucoup de ces studios ont d’ailleurs été fondés par d’anciens collaborateurs d’Ubisoft. Sandfall Interactive en est un exemple, tout comme DigixArt, à l’origine du jeu « Road 96 », qui avait marqué l’année 2021. Dans le domaine de l’animation, la dynamique est similaire. Illogic Studios travaille en grande partie avec des artistes intermittents, formés localement. "La qualité de vie et les écoles qui forment à nos métiers ont clairement pesé dans notre choix", explique Théophile Dufresne. Grâce à la densité des studios, les artistes peuvent enchaîner les projets, passer de l’un à l’autre selon les besoins et les périodes.



Et l’histoire ne s’arrête pas là. Portée par le succès du loup de Noël, l’équipe d’Illogic planche désormais sur un projet de long métrage d’animation. De son côté, l’univers de « Clair Obscur : Expédition 33 » pourrait bien connaître une adaptation sur grand écran. Deux trajectoires qui confirment une chose : à Montpellier, la créativité ne se contente plus d’exister. Elle rayonne, inspire et prouve qu’avec du temps, de la passion et un environnement favorable, les plus petits studios peuvent rivaliser avec les plus grands.

 
 
 

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