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"Mon père avait un besoin inconditionnel d’amour" : comment est né "Le Mal aimé » de Claude François, titre de la pub Intermarché ?

  • Photo du rédacteur: Auriane Laurent
    Auriane Laurent
  • il y a 4 jours
  • 4 min de lecture

Quarante et un ans après sa création, "Le Mal aimé" revient doucement mais puissamment dans le cœur du public. Portée par la publicité de Noël d’Intermarché, la chanson de Claude François connaît une seconde vie, inattendue et profondément émouvante. Derrière cette ballade devenue aujourd’hui indissociable de l’histoire du loup solitaire qui apprend à se faire aimer, se cache une genèse intime, presque fragile, étroitement liée à la personnalité complexe de son interprète. C’est son fils, Claude François Jr., qui en raconte aujourd’hui les coulisses, éclairant d’un jour nouveau ce titre longtemps resté dans l’ombre des tubes plus dansants.



À l’automne 1973, la scène musicale internationale bruisse d’un immense succès venu des États-Unis. Le chanteur folk David Cassidy triomphe au Royaume-Uni avec "Daydreamer", une ballade mélancolique qui se hisse en tête des ventes pendant trois semaines consécutives. Une chanson simple, douce, chargée de nostalgie, qui touche un public bien au-delà des frontières américaines. Claude François, toujours attentif à ce qui se fait à l’étranger, ne tarde pas à repérer ce titre. Il observe avec minutie les classements internationaux, scrutant les tendances, à l’affût d’un morceau capable de résonner avec le public français.


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"Mon père regardait toujours les classements du Billboard et les ventes à l’étranger", se souvient Claude François Jr. "Il avait ce radar très particulier pour détecter les chansons qui pouvaient devenir universelles." Dès les premières écoutes, "Daydreamer" le touche profondément. Les droits de la chanson se trouvent alors en Afrique du Sud, un détail qui ne l’arrête pas. Il sait qu’il tient là une matière émotionnelle rare, une mélodie qui peut accueillir un texte français chargé de sens.



À cette période, Claude François traverse un moment paradoxal de sa carrière. Sur le plan professionnel, tout semble lui sourire. "Chanson populaire" figure parmi les grands succès de l’année. Les salles sont pleines, les passages télévisés se multiplient, le public est fidèle. Pourtant, derrière cette réussite éclatante, l’artiste est en proie à une inquiétude permanente. "C’est dans les périodes de succès qu’il angoissait le plus", explique son fils. "Il avait toujours peur que tout s’arrête, de perdre son public, de ne plus être aimé."


Cette peur n’est pas feinte. Elle est au cœur même de la personnalité de Claude François. Artiste exigeant, perfectionniste, parfois dur avec lui-même comme avec les autres, il nourrit un besoin profond et constant d’amour et de reconnaissance. "Mon père avait un besoin inconditionnel d’amour", confie Claude François Jr. Une quête affective qui ne le quittera jamais et qui irrigue de nombreuses chansons de son répertoire, parfois de manière plus voilée.



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C’est dans ce contexte émotionnel que naît "Le Mal aimé". Loin d’être un simple exercice d’adaptation, la chanson devient un miroir. Le texte français, écrit par Eddy Marnay sur une musique de Terry Dempsey, s’éloigne de la légèreté apparente de "Daydreamer" pour explorer une solitude plus profonde. "Je me sens mal aimé, je suis le mal aimé", chante Claude François avec une sincérité presque désarmante. Derrière la mélodie douce se cache une confession. Celle d’un homme adulé, mais jamais totalement rassuré.


À sa sortie en 1974, le titre donne son nom à l’album "Le Mal aimé". Il ne rencontre pas immédiatement le même engouement que d’autres chansons plus rythmées de l’artiste. Le public associe encore fortement Claude François à des tubes festifs, solaires, conçus pour faire danser. "Le Mal aimé", plus introspectif, plus fragile, trouve sa place, mais reste discret. Avec le temps, il devient un titre apprécié des connaisseurs, de ceux qui perçoivent déjà la faille derrière le sourire.



Des décennies plus tard, la publicité d’Intermarché va lui offrir un écrin inattendu. En associant la chanson à l’histoire d’un loup rejeté, solitaire, qui apprend à cuisiner pour être accepté par les autres, le spot met en lumière toute la portée émotionnelle du titre. Sans le surligner, sans l’expliquer, il en révèle l’essence. Le loup devient une métaphore universelle de celui qui cherche sa place, qui veut être aimé sans renoncer à ce qu’il est.



Pour Claude François Jr., cette résonance n’a rien d’un hasard. "Cette chanson collait profondément à ce que mon père était", explique-t-il. "Et aujourd’hui, elle touche une nouvelle génération parce qu’elle parle d’un sentiment universel." Le succès de la publicité, partagée des millions de fois à travers le monde, a entraîné un retour massif de la chanson sur les plateformes d’écoute, comme si le public redécouvrait soudain une part oubliée de Claude François.



Ce retour en grâce a quelque chose de profondément juste. Il ne s’agit pas d’un simple effet de mode, mais d’une reconnexion émotionnelle. "Le Mal aimé" trouve enfin un contexte qui lui permet d’être pleinement entendu, compris, ressenti. La chanson n’est plus seulement celle d’un artiste inquiet, mais celle de tous ceux qui, un jour, se sont sentis à l’écart.


À travers cette renaissance, c’est aussi une autre image de Claude François qui se dessine. Non plus seulement l’idole flamboyante, mais l’homme sensible, parfois inquiet, toujours en quête de lien. Une facette que son fils voit aujourd’hui reconnue avec douceur, sans nostalgie forcée, mais avec une sincérité nouvelle.


Et si le loup d’Intermarché touche autant, c’est peut-être parce qu’il porte, sans le savoir, l’écho d’une voix qui, bien avant lui, chantait déjà ce besoin fondamental d’être aimé.

 
 
 

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